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« Recueil collectif de d’hiver » : les nourritures poétiques de Louise Glück

La poète américaine Louise Glück.

« Recueil collectif de d’hiver » (Winter Recipes from the Collective), de Louise Glück, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Marie Olivier, édition bilingue, Gallimard, « Du monde entier », 160 p., 16,50 €, numérique 12 €.

Ecrit au lendemain de l’attribution à l’Américaine Louise Glück du prix Nobel de littérature 2020, Recueil collectif de recettes d’hiver, son œuvre ultime, est paru en édition bilingue quelques jours après sa disparition, le 13 octobre. Le volume de la collection « Poésie/Gallimard » qui l’accompagne (448 pages, 9,10 euros) reprend trois textes splendides, traduits et présentés par Marie Olivier, parus chez Gallimard en 2021 et 2022 : L’Iris sauvage (1992), dont l’admirable lyrisme polyphonique fait entendre l’appel d’une fleur ; Meadowlands (1996), ironique réécriture de l’Odyssée qui s’ouvre sur le chant ­inquiet de Pénélope ; et le visionnaire Averno (2006), où l’on passe, avec ­ « Perséphone l’errante », du désastre obscur au sublime renouveau.

Pour le lecteur français, la publication du Recueil collectif de recettes d’hiver vient donc élargir la connaissance rétrospective d’une œuvre majeure, tardivement traduite. Dans ce livre, la voix simple et mystérieuse de Louise Glück est immédiatement reconnaissable. Du Poème initial au Chant final, ce livre se compose de quinze poèmes dont les plus longs renouent – par la fable, le conte ou une « histoire sans fin » – avec la tentation de la narration, déjà présente dans Nuit de foi et de vertu (1968 ; Gallimard, 2021).

Le long titre de ce bref recueil d’une extrême virtuosité poétique indique qu’il s’agit à nouveau d’une sorte de polyphonie. Un « je » qui n’est pas défini y débat avec différents interlo­cuteurs – un vieux professeur, un potier, un « concierge », et surtout une sœur – des questions contradictoires que soulève l’expérience humaine, entre l’intime et l’universel, la confidence et le secret. Une inquiétante étrangeté nimbe ces textes oniriques, qui semblent limpides et familiers, mais dont le sens n’est pas dévoilé.

Détails autobiographiques

« Le jour et la nuit arrivent : main dans la main comme un garçon et une fille/ s’arrêtant seulement pour manger des baies sauvages dans un plat/ décoré de peintures d’oiseaux. » Les « recettes d’hiver » permettent de savourer, au terme d’une longue vie, des nourritures revigorantes : les éclats que ravivent la mémoire et le rêve, des bonsaïs que l’on taille, un passeport perdu, que l’on ne cherche plus et qui incite à remplacer le périple interrompu par un « voyage intérieur », une méditation sur l’existence, le « déni de la mort »… Quelques détails autobiographiques se glissent dans les souvenirs d’enfance : deux petites filles à l’arrière d’une voiture, « la Pontiac », le parc de Cedarhurst, village où habitait une grand-mère, sur Long Island.

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