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Le sénateur Joël Guerriau, soupçonné d’avoir drogué une députée, mis en examen et placé sous contrôle judiciaire

Le sénateur de Loire-Atlantique Joël Guerriau, à Paris, le 17 janvier 2018.

Le sénateur (Horizons) de Loire-Atlantique Joël Guerriau, soupçonné d’avoir drogué une députée en vue d’une agression sexuelle, a été mis en examen, vendredi 17 novembre, par un juge d’instruction parisien et placé sous contrôle judiciaire, a annoncé son avocat, Rémi-Pierre Drai. Membre du groupe Les Indépendants (centre droit) au Palais du Luxembourg, il a adhéré en 2022 au parti Horizons, fondé par l’ancien premier ministre Edouard Philippe.

« Profondément choqués par les faits à l’origine des accusations », les membres du bureau d’Horizons ont décidé « à l’unanimité » de suspendre « immédiatement » le sénateur, samedi matin, avant d’entamer « une procédure disciplinaire pouvant conduire à une exclusion définitive », a fait savoir le parti, qui va appeler la plaignante, la députée (MoDem) de Loire-Atlantique Sandrine Josso, a confié une source au sein du parti à l’Agence France-Presse (AFP). Samedi, il a également été suspendu par son groupe au Sénat, qui a aussi engagé une procédure disciplinaire pouvant déboucher sur une exclusion.

M. Guerriau a été mis en examen pour « administration à l’insu de Sandrine Josso d’une substance de nature à altérer son discernement ou le contrôle de ses actes, afin de commettre un viol ou une agression sexuelle, et détention et usage de substances classées comme stupéfiants », a précisé M. Drai dans un communiqué transmis à l’AFP. La plaignante se serait sentie mal après avoir pris un verre dans la nuit de mardi à mercredi au domicile parisien du sénateur, âgé de 66 ans, avec qui elle n’entretenait pas de relation intime, d’après le ministère public.

Sollicité par l’AFP, le parquet de Paris a confirmé cette mise en examen qui a été décidée à l’issue d’une confrontation de deux heures entre M. Guerriau et Mme Josso, dans les locaux du 3district de la police judiciaire de Paris. Le parquet a précisé que le contrôle judiciaire imposé au sénateur interdisait à celui-ci « de se rendre au domicile de la victime » et « d’entrer en contact avec les victimes et témoins ».

« M. Guerriau est désormais libre et pourra s’expliquer sur les faits », a souligné M. Drai dans le communiqué faisant suite à la mise en examen du sénateur. Il « se battra pour démontrer qu’il n’a jamais voulu administrer à sa collègue de travail, et amie de longue date, une substance pour abuser d’elle » et « démontrera que c’est une erreur de manipulation qui a causé le dramatique désagrément subi par sa collègue députée », a ajouté l’avocat. « M. Guerriau n’est pas un prédateur, il n’est pas un adepte de la soumission chimique, il est un honnête homme, respecté et respectable, qui rétablira son honneur et celui de sa famille », a conclu M. Drai.

Malaise et sachet d’ecstasy

Contactée par l’AFP, l’avocate de la plaignante, Julia Minkowski, a annoncé qu’elle se constituerait partie civile lundi. « Sandrine Josso est toujours en état de choc », avait-elle déclaré à l’issue de la confrontation. « Elle a dû déployer des forces physiques et intellectuelles monumentales pour surmonter sa terreur et s’extirper in extremis de ce guet-apens. A cela s’ajoute un sentiment de trahison et d’incompréhension totale. Joël Guerriau était un ami depuis une dizaine d’années, en lequel elle avait toute confiance », a précisé à l’AFP Mme Minkowski.

Selon l’avocate, Mme Josso a été « prise de malaises après avoir bu une coupe de champagne », puis a aperçu M. Guerriau « se saisir d’un petit sachet en plastique contenant quelque chose de blanc, dans un tiroir de sa cuisine ». « Elle a alors compris qu’il était en train de la droguer à son insu », affirme Mme Minkowski.

Des prélèvements dans l’organisme de Mme Josso ont révélé la présence d’ecstasy, avait fait savoir jeudi le parquet de Paris, confirmant une information de RMC. Des perquisitions ont ensuite été menées au bureau du sénateur ainsi qu’à son domicile, où les enquêteurs ont retrouvé de l’ecstasy, selon le parquet.

M. Drai estime que « la confrontation a permis à [son] client de confirmer avec force sa version des faits, qui ne permet pas à ce stade de l’enquête de caractériser une quelconque infraction. L’enquête se poursuivra comme il se doit ».

Pas besoin de demander la levée de l’immunité parlementaire

D’après des sources proches du dossier, M. Guerriau a raconté qu’il avait cru s’être procuré, auprès d’un membre du Sénat, un euphorisant, et non de l’ecstasy, pour sa propre consommation, afin de faire face à ce qu’il a décrit comme des épreuves personnelles.

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Les investigations sont menées sous l’égide du parquet de Paris, qui a ouvert une enquête en flagrance, une procédure qui permet de ne pas avoir besoin de demander la levée de l’immunité parlementaire.

Banquier de profession, sénateur depuis 2011, M. Guerriau est secrétaire du Sénat et vice-président de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées.

Le Monde

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