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Le sénateur Joël Guerriau, soupçonné d’avoir drogué une députée, évoque une « erreur de manipulation »

Le sénateur français Joël Guerriau lors d’une réunion avec le président libanais, Michel Aoun, au palais présidentiel de Baadba, au Liban, le 13 février 2020.

Garde à vue, mise en examen, suspension immédiate de son parti (Horizons) et de son groupe parlementaire (Les Indépendants) avant une probable exclusion : depuis quelques jours, le nom du discret sénateur de Loire-Atlantique Joël Guerriau, 66 ans, est associé à une nauséeuse affaire. Vendredi 17 novembre, une information judiciaire a été ouverte contre lui pour « administration à l’insu [de sa collègue députée] Sandrine Josso, d’une substance de nature à altérer son discernement ou le contrôle des actes, afin de commettre un viol ou une agression sexuelle » et « détention et usage de substances classées comme stupéfiants », à savoir de la MDMA, ou ecstasy. Depuis, Joël Guerriau plaide une malencontreuse « erreur de manipulation ».

Les faits remontent au mardi 14 novembre lorsque Sandrine Josso, députée (MoDem) élue du même département que lui et avec laquelle il entretient une relation amicale depuis plusieurs années, le rejoint à son domicile, dans l’un des immeubles appartenant au Sénat, dans le 6e arrondissement de Paris. L’un et l’autre étaient convenus de se retrouver pour fêter la récente réélection du sénateur, intervenue le 24 septembre. La députée le prévient qu’elle devra partir tôt, vers 22 heures, pour rejoindre l’Assemblée nationale afin de participer à un vote.

Selon le récit qu’elle a livré dans sa plainte, ils ont déjà partagé une ou deux flûtes de champagne, lorsqu’elle est alertée par « le comportement bizarre » de son hôte. Elle l’aperçoit notamment « se saisir d’un petit sachet en plastique contenant quelque chose de blanc dans un tiroir de la cuisine ». Une vingtaine de minutes plus tard, après avoir bu une nouvelle gorgée de champagne, elle est prise de palpitations. Elle appelle alors un taxi, tout en s’efforçant de cacher son malaise à Joël Guerriau qui la raccompagne jusqu’au pied de l’immeuble. A son arrivée à l’Assemblée nationale, se sentant « désorientée », elle confie à ses collègues ses suspicions sur ce qu’elle aurait ingéré. La députée est aussitôt conduite à l’hôpital, où une prise de sang et des analyses d’urine dévoilent qu’elle est positive à l’ecstasy.

Fatigué par sa campagne sénatoriale

Sandrine Josso décide de porter plainte. Jeudi matin, le sénateur est interpellé à son domicile et placé en garde à vue. Lors de la perquisition, dans le tiroir de la cuisine décrit par Sandrine Josso, les enquêteurs trouvent le petit sachet en plastique et la poudre qu’il contient, dont les analyses confirment qu’il s’agit d’ecstasy.

Le sénateur s’est d’abord justifié sur la détention de cette substance. Il l’aurait obtenue, dit-il, d’un collègue sénateur – dont il ne livre pas l’identité – auquel il aurait demandé un « euphorisant ». Il ignorait, assure-t-il, qu’il s’agissait d’ecstasy. Auprès des enquêteurs, Joël Guerriau se justifie sur cette demande en indiquant qu’il traverse une période sombre. Fatigué par sa campagne sénatoriale, il aurait surtout été bouleversé par la mort imminente de son chat, âgé de 20 ans. Il avait d’ailleurs consacré sa soirée du dimanche à lui creuser une tombe dans son jardin avant de rejoindre Paris le lendemain.

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