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Finance durable : « L’engagement dans la lutte contre le changement climatique ne fait plus autant consensus qu’au lendemain de la pandémie »

En janvier 2020, BlackRock, le plus grand gestionnaire d’actifs au monde, annonçait un changement majeur dans sa stratégie. L’entreprise était alors pionnière dans l’intégration de critères de responsabilité environnementale, sociale et de gouvernance (ESG), critères que plus personne ne peut ignorer de nos jours.

Mais, depuis la mi-2022, le géant américain a commencé à rétropédaler. L’engagement dans la lutte contre le changement climatique ne fait plus autant consensus qu’au lendemain de la pandémie. Outre-Atlantique d’abord, les réticences politiques et sociales se sont multipliées depuis quelques années, à l’image de la Virginie-Occidentale, dont le Congrès a pris des mesures pour restreindre l’utilisation de critères ESG dans les décisions d’investissement. Les fonds de capital-risque, pourtant un temps en ligne de front sur le sujet, font désormais aussi machine arrière. Or les Etats-Unis sont un excellent laboratoire pour anticiper ce qui pourrait arriver en Europe. Le retour en arrière (backlash) écologique est en marche, et les entreprises européennes ont un rôle majeur à jouer pour se dresser contre ce revirement.

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Aux Etats-Unis, si certains Etats ont mené des politiques ESG ambitieuses, la résistance est venue du camp conservateur. Vent debout contre des mesures qu’ils estiment injustes et destructrices, les républicains ont été les premiers à s’emparer du discours anti-ESG. Au cœur de la polémique BlackRock, les sénateurs républicains ont formulé des critiques véhémentes, notamment ceux des Etats producteurs de pétrole et de charbon (Virginie-Occidentale, Pennsylvanie, Kentucky, Montana, Dakota du Nord, Ohio, Indiana, Virginie, Alabama), qualifiant la démarche de « manipulation du marché ». Seuls quelques électrons libres échappent à la condamnation de l’ESG, comme la Californie, où ont été adoptées deux nouvelles lois – Senate Bill 253 et Senate Bill 261 – qui exigent que les entreprises opérant sur son territoire divulguent leurs émissions et leur gestion des risques financiers liés au climat.

Côté européen, les régulateurs n’ont pas eu peur de ce « capitalisme woke » dénoncé aux Etats-Unis. La Commission européenne a mis en place la directive sur le reporting de durabilité des entreprises (Corporate Sustainability Reporting Directive, CSRD) qui introduit le principe de double matérialité, exigeant que les entreprises tiennent compte de leur impact sur la société et de l’impact des critères ESG sur leurs activités. L’Europe peut ainsi faire valoir sa vision plus large et approfondie des enjeux ESG.

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