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« Cœur poumon » au Théâtre de la Tempête, la réanimation pédiatrique pour scène

« Cœur poumon », mise en scène de Daniela Labbé Cabrera, au Théâtre de la Tempête, à Paris, en novembre.

C’est l’histoire de Mona, qui revient sur les lieux où son fils, Solal, a été sauvé. Un service de réanimation pédiatrique après une opération du cœur. Ce n’est pas un hasard si elle est assise au milieu du public au début du spectacle quand elle lance à Selma, l’infirmière de garde – en pause, elle dîne : « Comment vous vivez votre travail ? » Le spectateur est déjà embarqué.

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Daniela Labbé Cabrera, autrice et metteuse en scène de Cœur poumon, plonge aussi dans son passé à travers Mona. A la naissance, son petit garçon a dû subir une opération à cœur ouvert qui lui a sauvé la vie. Elle a donc connu ce « monde à part », dit-elle, « les limbes où se joue le duel entre la vie et la mort, règne de souffrances mais aussi de victoires, espace de soins et de réparations ». C’était en 2018. Quelques années plus tard, elle a décidé de retourner dans ce service et de mener une enquête auprès des soignants et des familles puis d’écrire une pièce sur la réparation.

A la frontière entre documentaire et fiction, entre passé et présent, elle mêle la parole des soignants et celle des parents au rythme des sons, des machines et des pulsations cardiaques. Et au rythme de ses rencontres avec les infirmières, la cardiologue, l’anesthésiste, sans oublier le chirurgien, mélomane et un peu bourru. On y voit le « ballet des soignants », qui se passent le relais, tentent de réparer les cœurs – projetés d’ailleurs sur des écrans –, comme organes, mais aussi comme « lieux symboliques de l’amour et du courage », décrit Daniela Labbé Cabrera. Ceux des patients, bien sûr, les enfants, mais aussi ceux des parents et des soignants.

Quinze personnages

Ils s’affairent jour et nuit autour d’un enfant endormi, se battent pour sa vie, tout comme ses parents, qui veulent à tout prix ramener leur enfant des limbes. Il y a peu de place pour la joie. Heureusement, la grand-mère de Solal, incroyable Anne-Elodie Sorlin, boule d’énergie, s’improvise magicienne, chanteuse de gospel… « Une des plus belles choses dans la vie, c’est la musique, dit-elle à son petit-fils, tu ne parles pas encore, mais la musique, ça, tu comprends. »

Dans ce monde à part, hors du temps, où la mort côtoie la vie, la musique surgit, et agit autant que les mots, comme une sorte de réparation des cœurs. On y entend Violaine, l’infirmière, jouer au piano un prélude de Jean-Sébastien Bach. Un moment suspendu.

En dehors du chirurgien, interprété par un seul comédien, les quatre autres échangent leur rôle, tantôt famille de Solal, tantôt soignants. Au total, ils jouent quinze personnages. Daniela Labbé Cabrera n’omet pas la crise de l’hôpital, le manque de lits, et les stratégies pour ne pas refuser un bébé qui doit être opéré en urgence. Ecrite avec le dramaturge Youness Anzane, la mise en scène de Daniela Labbé Cabrera émeut, car ce spectacle, sorte de rêve éveillé, place l’humain au centre.

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