« Bébés placés, la vie devant eux », sur France 2 : des premiers pas entre trauma et renaissance

FRANCE 2 – MERCREDI 15 NOVEMBRE À 23 HEURES – DOCUMENTAIRE

Se placer à hauteur d’enfant, à hauteur de nouveau-né. C’est le parti pris de la journaliste Karine Dusfour avec son nouveau documentaire, produit par Mélissa Theuriau pour le magazine « Infrarouge ». Sa caméra a suivi pendant plusieurs mois trois bébés confiés au service de placement familial du Val-de-Marne, qui accueille des tout-petits pendant quelques semaines à quelques mois, avant leur orientation vers une famille ou un autre lieu d’accueil. En France, environ 10 000 bébés sont pris en charge dans des pouponnières.

On découvre ainsi Basile, né sous X, à la maternité où il a vu le jour une semaine plus tôt ; Anne-Lise, que sa mère, dans l’incapacité de prendre soin d’elle correctement, confie à l’âge d’un an à l’aide sociale à l’enfance ; Marion, 4 mois, également née sous X. Trois bambins dont les visages floutés ne nuisent en rien à l’émotion que leur histoire familiale traumatique provoque chez le téléspectateur.

Avec grâce, Karine Dusfour filme les premiers pas dans la vie de ces enfants placés qui, dans leur malheur, ont la chance de trouver sur leur chemin une myriade de bonnes fées. Il s’agit des « tatas » (le surnom donné aux assistantes familiales), des auxiliaires de puériculture et autres travailleurs sociaux du service de protection de l’enfance de Sucy-en-Brie (Val-de-Marne), dont l’engagement force l’admiration. Leur objectif : restaurer la confiance de ces tout-petits envers les adultes.

Un monde très féminin

Il y a, par exemple, « Tata Simone », qui accueille chez elle Basile jusqu’à son adoption, à deux mois et demi. Mais aussi Catherine, auxiliaire de puériculture à la pouponnière, qui prend soin d’Anne-Lise de son arrivée en pleurs, un soir, jusqu’à son départ vers une famille d’accueil où elle retrouvera son frère. Et tout le reste de l’équipe de ce service modèle – un monde très féminin – qu’on découvre au fil de réunions, où les situations sont soupesées, examinées avec une seule boussole, celle de l’intérêt supérieur des enfants qui leur sont confiés.

D’une grande délicatesse, ce film lumineux se situe à rebours des reportages choc sur les défaillances de la protection de l’enfance. Non pas que sa réalisatrice, à l’intérêt marqué pour ces sujets (elle avait notamment documenté le quotidien du juge des enfants Edouard Durand dans Bouche cousue, diffusé en 2020), les ignore. Mais en filmant les effets bénéfiques et visibles sur les bébés de ce travail social empreint de bientraitance, elle souligne les ingrédients qui en font le succès : une équipe formée, stable, dans l’échange et la réflexion.

Un exemple à suivre ? Lors d’une projection organisée au ministère de la santé, mardi 7 novembre, à laquelle assistait la secrétaire d’Etat à l’enfance, Charlotte Caubel, et des parlementaires, Karine Dusfour a formulé le vœu que « ce documentaire serve à susciter des vocations et pousse l’Etat et les départements à consacrer plus de moyens à ces métiers ».