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La mort de Michel Ciment, « le plus raffiné, le plus érudit, le moins blasé » des critiques de cinéma

Michel Ciment, à Paris, le 9 juin 2019.

Une pluie d’hommages, par-delà les frontières. A l’annonce de son décès à Paris, dans l’après-midi du lundi 13 novembre, figures et institutions du septième art, confrères du monde entier ont salué dans les médias et les réseaux sociaux, sa carrière, son amour insatiable du cinéma, son immense culture.

Michel Ciment avait beau avoir la dent dure – très dure parfois – à l’encontre de certains films et de la critique des Cahiers du cinéma (« l’ennemi historique »), mais également de ce qu’il appelait « le triangle des Bermudes » (les journaux Libération, Le Monde, Les Inrockuptibles), il s’est imposé auprès de plusieurs générations, comme l’une des grandes références dans le domaine qu’il a passé à couvrir, par la voix et l’écriture : le cinéma. Une passion qui réunissait toutes les autres dont on peut dire qu’elles l’animaient autant, la littérature, la peinture, le théâtre, la musique.

Professeur de civilisation américaine à l’université Paris-VII, critique historique de la revue Positif, homme de radio où il fut sociétaire permanent à l’émission de France Inter Le Masque et la Plume pendant un demi-siècle, auteur de plusieurs ouvrages remarquables, Michel Ciment est mort à l’âge de 85 ans, l’esprit, la curiosité, les capacités d’enthousiasme ou d’indignation intacts.

« L’interlocuteur français des plus grands »

« Seule la mort pouvait lui ordonner de se taire », écrit Jérôme Garcin dans son hommage publié dans L’Obs. Ce long compagnon de route de Michel Ciment au Masque et la Plume affirmait sur ce dernier qu’il était « le plus raffiné, le plus érudit des critiques. Le moins blasé, aussi. Comme si le temps, qui incline d’ordinaire au désabusement, n’avait pas prise sur son enchantement ».

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Ainsi a-t-on encore entendu sa voix, pour la dernière fois, fin septembre sur les ondes de France Inter. Une quinzaine de jours plus tard, le 18 octobre, Michel Ciment a pu assister, ému, à l’ovation dont il fut l’objet, lors du Festival Louis-Lumière de Lyon où l’on célébra ses soixante ans d’écriture critique, certains de ses textes ayant été lus devant le public par Thierry Frémaux. Dans un communiqué, le directeur de l’Institut Lumière a souligné, mardi, que la mort de Michel Ciment l’avait « plongé dans une infinie tristesse ». Rappelant au passage que le journaliste et essayiste fut « l’interlocuteur français des plus grands, parmi lesquels Stanley Kubrick, auquel il a dédié un ouvrage lu dans le monde entier [Kubrick, Calmann Levy, 1980], Joseph Losey, Jane Campion, Theo Angelopoulos, John Boorman ou Elia Kazan [auxquels il consacra des livres]. C’était aussi un découvreur de talents, voyageant de festival en festival pour soutenir la jeune création internationale ».

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