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Au procès d’Eric Dupond-Moretti, la direction des services judiciaires sur la sellette

Paul Huber, directeur des services judiciaires, lors du procès d’Eric Dupond-Moretti, devant la Cour de justice de la République, à Paris, le 14 novembre 2023.

Il y a des journées pénibles, parfois. Le 14 septembre 2020, Paul Huber, frais et guilleret, arrive de bon matin à la chancellerie pour prendre son nouvel emploi. Le jeune président du tribunal de Montargis (Loiret) vient d’être nommé directeur des services judiciaires (DSJ), et, à 42 ans tout juste, c’est une belle promotion. Il connaît déjà la Place Vendôme, où il a passé six ans comme conseiller de la ministre Christiane Taubira puis dans une sous-direction de la DSJ. Mais enfin, il est aujourd’hui le patron de 450 agents de haut niveau, responsable du bon fonctionnement et du budget de toutes les juridictions comme de la discipline des magistrats.

Il a à peine le temps de s’asseoir qu’il apprend qu’il doit présider le lendemain une réunion sur la justice de proximité, et le surlendemain défendre l’accusation devant le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) dans une affaire dont il ne connaît pas un traître mot. Et quand, à 18 heures, la directrice de cabinet du ministre, Véronique Malbec, lui transmet les 130 pages d’un rapport ultrasensible de l’inspection générale de la justice (IGJ) en lui demandant son analyse dans la soirée, il comprend que ça ne va pas être facile tous les jours.

Il y a une autre journée que Paul Huber voyait venir avec inquiétude, celle du mardi 14 novembre, où il allait devoir témoigner devant la Cour de justice de la République. A un peu moins d’un mètre d’Eric Dupond-Moretti, son ministre de tutelle et supérieur hiérarchique, accusé de « prises illégales d’intérêts » sur des affaires passablement embrouillées. Le directeur ne s’en est pas trop mal tiré, d’autant que la Cour commence à fatiguer et ne l’a pas harassé de questions. Il n’a évidemment pas la maîtrise de Jean-François Beynel, l’ancien chef de l’inspection générale de la justice, un vieux renard qui pétille d’intelligence et a répondu sans ciller aux questions pendant une heure trente mardi sans donner la moindre information.

Une analyse « très spécifique »

Le rapport qu’a remis Véronique Malbec à Paul Huber provient d’une inspection de fonctionnement de l’IGJ sur le Parquet national financier (PNF), lourdement mis en cause pour avoir épluché les fadettes de plusieurs avocats, dont Eric Dupond-Moretti, lorsque les juges d’instruction se sont aperçus que Nicolas Sarkozy avait appris, grâce à une fuite, qu’il était sur écoute dans l’affaire Bismuth. Le rapport s’intéresse aux dysfonctionnements du PNF, qui sont nombreux, et propose 19 recommandations de réformes, mais indique « qu’aucune suite en enquête administrative [prédisciplinaire] n’est proposée ».

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