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A l’incinérateur d’Ivry-Paris XIII, les dioxines ne sont pas contrôlées « 24 h sur 24 et 365 jours par an »

Cheminée de l’incinérateur de déchets d’Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), le 14 septembre 2021.

Lorsqu’une étude avait révélé en février 2022 des niveaux élevés de dioxines autour de l’incinérateur d’Ivry-Paris XIII, le gestionnaire de l’installation, l’agence métropolitaine des déchets ménagers (Syctom) avait écarté toute responsabilité, expliquant que les niveaux mesurés dans les deux cheminées du plus grand incinérateur d’Europe étaient « systématiquement inférieurs et très inférieurs » aux normes et faisaient l’objet de « contrôles en continu 24 h sur 24 et 365 jours par an », selon les mots de son directeur général, Denis Penouel, sur BFM-TV. La question reste pourtant posée : l’appareil de mesure des dioxines n’aurait pas fonctionné pendant près de sept mille heures sur la période 2020-2021, selon un nouveau rapport auquel Le Monde a eu accès.

A l’instar de celle de février, l’étude a été réalisée par la fondation ToxicoWatch, une ONG néerlandaise constituée de chercheurs, qui fait référence dans l’analyse toxicologique des polluants émis par les incinérateurs et en particulier des dioxines. Aussi toxiques que persistantes dans l’environnement, les dioxines figurent sur la liste noire des composés chimiques les plus préoccupants de l’Organisation mondiale de la santé. Elles sont classées cancérogènes pour l’homme par le Centre international de recherche sur le cancer. Dangereuses même à des doses infimes, elles s’accumulent dans la chaîne alimentaire.

L’étude de biosurveillance de février 2022 avait mis en évidence des teneurs importantes de dioxines dans des œufs de poules élevés en plein air autour de l’incinérateur, sur les communes d’Ivry-Seine, d’Alfortville (Val-de-Marne) et de Paris. Depuis, l’agence régionale de santé (ARS) a réalisé ses propres prélèvements et recommande de ne plus consommer d’œufs issus de poulaillers domestiques à l’échelle de toute l’Ile-de-France. Plusieurs fois annoncé, un rapport de l’ARS censé éclairer les sources de pollution est toujours en attente de publication.

« Défaillances de l’équipement de mesure »

« Les œufs ne sont qu’un indicateur de la présence de dioxines, commente Jean-Christophe Brassac, coprésident du collectif 3R (réduire, réutiliser, recycler), l’association qui a sollicité l’expertise de ToxicoWatch. Interdire la consommation d’œufs de poulaillers domestiques participe certes du principe de précaution mais il est essentiel d’identifier les causes de pollution, anciennes ou récentes, par les dioxines afin de les réduire. »

L’association, qui milite pour les alternatives à l’incinération des déchets, a obtenu du Syctom les données brutes 2020 et 2021 issues des capteurs de dioxines installés à l’intérieur des cheminées des deux fours. L’analyse, confiée à ToxicoWatch, montre que les appareils n’ont pas effectué de prélèvements pendant 6 936 heures (3 269 heures pour le four 1, 3 667 heures pour le four 2) entre le 24 décembre 2019 et le 21 décembre 2021, soit l’équivalent de 289 jours.

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