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Pour la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, « nous avons trop longtemps insisté sur les bénéfices de la mondialisation »

La directrice générale du Fonds monétaire international, Kristalina Georgieva, au siège du FMI, à Washington, le 14 avril 2023.

Si l’inflation reflue enfin, la crise au Moyen-Orient et les risques géopolitiques pourraient de nouveau faire décoller les prix du pétrole, prévient Kristalina Georgieva. Présente à Paris du 9 au 11 novembre, la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) s’alarme du risque de fragmentation du commerce mondial, susceptible, selon elle, d’augmenter la pauvreté et l’insécurité pour tous.

La tentation protectionniste monte sur tous les continents. La mondialisation basée sur le libre-échange est-elle morte ?

Pendant longtemps, nous avons trop insisté sur les bénéfices de la mondialisation. Ils ont été considérables : sur les trois dernières décennies, l’économie mondiale a triplé, en particulier au profit des économies en développement qui, elles, ont quadruplé, et il en a résulté une incroyable réduction de la pauvreté. Mais tout le monde n’en a pas profité. Trop longtemps, l’attention n’a pas suffisamment porté sur ceux dont les emplois et les moyens de subsistance se sont évaporés, parce que les mécanismes de compensation ont été insuffisants. Cela a créé un terrain fertile pour les mouvements altermondialistes et le populisme.

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Pire, depuis la pandémie de Covid-19, nous assistons à des chocs exogènes en série qui entraînent des interruptions massives des chaînes d’approvisionnement. Cela peut pousser des entreprises à vouloir rapprocher une partie de leur production. Mais cela ne va pas sans poser de problème, car cela concentre les risques au même endroit en cas de nouveau choc.

Comment, alors, réinventer la mondialisation ?

Nous ne pouvons pas revenir au modèle passé, où trop de personnes ont perdu, et qui ne reconnaît pas suffisamment que la sécurité des approvisionnements est aussi une question de sécurité économique, et pas uniquement de sécurité nationale. Il convient de repenser la mondialisation autant que possible en collaboration avec nos partenaires. Notre conseil aux pays est de ne pas jouer la carte de l’intérêt national contre les autres, mais de réfléchir aux mécanismes permettant de poursuivre l’intégration mondiale et d’équilibrer les risques. Car une plus grande fragmentation du commerce mondial aurait une conséquence très claire : nous serions tous plus pauvres et moins en sécurité.

Quel pourrait être le coût, précisément, de cette fragmentation ?

Selon les scénarios, il pourrait atteindre entre 0,2 % et 7 % du produit intérieur brut (PIB) mondial, 7 %, le cas extrême, équivaudrait à exclure deux pays comme l’Allemagne et le Japon de l’économie mondiale. Pour limiter ce risque, nous devons résister à la tentation d’imposer des barrières commerciales, dont le nombre est passé de 500 environ en 2017 à 2 000 en 2019 et 3 000 en 2022. Or, nos recherches montrent que, si l’une des trois grandes économies du monde (les Etats-Unis, l’Europe, la Chine) prend une mesure fondamentalement protectionniste, la probabilité qu’un pays partenaire prenne une mesure protectionniste en réponse est de 73 % dans les douze mois. C’est une pente dangereuse.

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