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Emmanuel Macron « exhorte Israël à cesser » de bombarder des civils à Gaza

Emmanuel Macron assiste à la cérémonie d’ouverture du Forum de Paris sur la paix, au Palais Brongniart, à Paris, le 10 novembre 2023.

Le président français, Emmanuel Macron, « exhorte Israël à cesser » les bombardements qui tuent des civils à Gaza, dans un entretien accordé à la BBC diffusé vendredi 10 novembre au soir. « Nous partageons la douleur [des Israéliens]. Et nous partageons leur volonté de se débarrasser du terrorisme », rappelle-t-il. Mais « de facto, aujourd’hui, des civils sont bombardés. Ces bébés, ces femmes, ces personnes âgées sont bombardés et tués ». Il n’y a « aucune justification » et « aucune légitimité à cela », a-t-il souligné.

Le ministère de la santé de la bande de Gaza, contrôlée par le Hamas, a annoncé vendredi que 11 078 personnes, dont 4 506 enfants, ont été tuées dans les bombardements israéliens sur l’enclave palestinienne depuis le début de la guerre, déclenchée par l’attaque sanglante du mouvement islamiste contre Israël le 7 octobre.

Cette « réaction dans la lutte contre le terrorisme, parce qu’elle est menée par une démocratie, doit être conforme aux règles internationales de la guerre et au droit international humanitaire », a plaidé le président français.

Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, n’a pas tardé à réagir aux propos de M. Macron, affirmant que « la responsabilité de tout tort fait aux civils incombe au Hamas », qui a déclenché la guerre par les massacres du 7 octobre et qui utilise des civils comme « boucliers humains ».

Interrogé sur une éventuelle violation du droit international par Israël, Emmanuel Macron a souligné qu’il n’était « pas un juge » mais « un chef d’Etat ». Il s’est aussi dit inquiet que le « bombardement massif » de Gaza crée du « ressentiment » dans la région.

Cet entretien a lieu au lendemain d’une « conférence humanitaire » organisée jeudi à Paris à l’initiative du président français, au cours de laquelle il a appelé à « œuvrer à un cessez-le-feu ». « Il n’y a pas d’autre solution qu’une pause humanitaire d’abord » pour aller vers un « cessez-le-feu, qui permettra de protéger tous les civils, qui n’ont rien à voir avec les terroristes », a-t-il insisté vendredi.

Israël dément avoir frappé l’hôpital Al-Shifa

Vendredi, le Hamas a fait état de 13 morts pendant une frappe sur le complexe de l’hôpital Al-Shifa dans la ville de Gaza, le plus grand du territoire ; un bilan impossible à vérifier de manière indépendante. Le Hamas a attribué cette frappe à Israël, tout comme le directeur de l’hôpital, Mohammed Abou Salmiya. Des affirmations démenties vendredi soir par l’Etat hébreu. Israël a affirmé sur X (ex-Twitter) qu’après « un examen de ses systèmes opérationnels » il apparaît que c’est un « projectile raté lancé par des organisations terroristes à l’intérieur de la bande de Gaza [qui] a touché l’hôpital Al-Shifa ». Selon l’armée, « le projectile raté visait les troupes de Tsahal opérant à proximité ».

L’armée israélienne avait fait savoir jeudi soir qu’une de ses divisions menait d’importantes opérations dans une zone « très très proche » de l’hôpital Al-Shifa. Elle a également soutenu vendredi qu’elle « tuerait » les combattants du Hamas « qui tirent à partir des hôpitaux » à Gaza.

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« Tous les hôpitaux de la ville de Gaza ont été visés » vendredi par l’armée israélienne, a soutenu, auprès de l’Agence France-Presse, le directeur de l’hôpital Al-Shifa. Celui-ci a aussi assuré que l’hôpital avait reçu « une cinquantaine de corps vendredi matin après le bombardement d’une école » de la ville accueillant des déplacés. De son côté, le Croissant-Rouge palestinien a affirmé que des snipers israéliens tiraient vendredi sur l’hôpital Al-Qods, parlant d’au moins un mort et 28 blessés.

Le système de santé de la bande de Gaza est « à genoux », a alerté vendredi le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) devant le Conseil de sécurité de l’ONU, notant que la moitié des 36 hôpitaux de l’enclave ne fonctionnaient « plus du tout ».

« La situation sur le terrain est impossible à décrire : des couloirs d’hôpitaux où s’entassent blessés, malades et mourants, des morgues qui débordent, des chirurgies sans anesthésie, des dizaines de milliers de personnes réfugiées dans les hôpitaux », a déclaré Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Selon lui, l’OMS a comptabilisé « plus de 250 attaques » sur le secteur de la santé à Gaza et en Cisjordanie depuis le début de la guerre, et 25 contre le secteur de la santé en Israël. « Rien qu’au cours des dernières quarante-huit heures, quatre hôpitaux ont été mis hors service » à Gaza, s’est alarmé le directeur de l’OMS, qui a de nouveau demandé « un cessez-le-feu humanitaire ».

L’attaque du 7 octobre a fait 1 200 morts, selon un nouveau bilan

De son côté, le directeur de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), Philippe Lazzarini, a appelé vendredi à l’arrêt du « carnage » dans la bande de Gaza. « Raser des quartiers entiers n’est pas une réponse aux crimes odieux commis par le Hamas. Au contraire, cela crée une nouvelle génération de Palestiniens lésés, susceptibles de perpétuer le cycle de la violence », a-t-il déclaré.

Selon les Etats-Unis, Israël a accepté de faire des « pauses » humanitaires quotidiennes pour permettre aux civils de fuir le nord de la bande de Gaza, où les combats sont les plus intenses, pour se rendre dans le Sud. Cette route a encore été empruntée par 30 000 personnes vendredi malgré des « explosions » qui y ont causé des morts, selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA). Vendredi, plusieurs dizaines de milliers de civils se sont dirigés vers le Sud, affirme l’armée israélienne.

Selon l’OCHA, le nombre de déplacés s’élève à 1,6 million de personnes, sur les 2,4 millions d’habitants de la bande de Gaza. L’étroit territoire est privé d’eau, d’électricité, de nourriture et de médicaments par le siège total qu’impose Israël depuis le 9 octobre en représailles de l’attaque du 7 octobre par le Hamas, dont le bilan a été réévalué à 1 200 morts, en majorité des civils, contre 1 400 auparavant, selon le ministère des affaires étrangères israélien. Un porte-parole du ministère a affirmé qu’il s’agissait « d’une estimation actualisée », sans fournir d’explication quant au nouveau chiffre.

Le Monde avec AFP

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