Ce vendredi 10 novembre, l’agenda de David Rachline est « bien rempli », fait savoir le maire de Fréjus (Var). Trop rempli, dit-il, pour venir accueillir le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, et la secrétaire d’Etat chargée des affaires européennes, Laurence Boone, arrivés en terre varoise pour parler d’Europe.
« Ce déplacement est une mascarade. Qui n’honore pas un ministre de la République. Mais il n’est plus à ça près, monsieur Véran », peste l’édile d’extrême droite, joint par téléphone. D’humeur massacrante, le vice-président du Rassemblement national (RN) a détaillé dans un communiqué ce qu’il pensait de cette visite ministérielle express : « un non-événement » et une « opération de propagande » pour, estime-t-il, « dénigrer le premier parti de France ».
Depuis le rond-point de l’Armée noire, à Fréjus, où s’érige un monument à la gloire de l’armée africaine tombée pour la France pendant la première guerre mondiale, Olivier Véran sourit, s’essayant à l’art local de la pétanque, puis glisse, un brin narquois, aux journalistes : « Les absents ont toujours tort, non ? »
Le ministre, ancien socialiste, s’est lancé depuis la rentrée de septembre dans une tournée des villes RN en espérant tordre l’idée que les édiles d’extrême droite seraient de bons gestionnaires. Beaucaire (Gard), Perpignan (Pyrénées-Orientales), Hayange (Moselle)… et maintenant Fréjus, où il décrit un maire effrayé de devoir s’expliquer après la sortie, début novembre, du livre Les Rapaces de Camille Vigogne Le Coat (Les Arènes, 224 pages, 20 euros). L’ouvrage fait le récit d’une kleptocratie locale orchestrée par David Rachline, amateur de belles montres et de vins millésimés. « La ville de Fréjus va prochainement déposer plainte, pour diffamation publique », a annoncé la mairie.
« Les yeux dans les yeux »
Alors que les cadres du RN décrivent en chœur un « torchon » véhiculant des « ragots de l’opposition », Olivier Véran leur oppose un travail « sérieux ». « Il y a une suspicion qui est désormais posée à travers ce livre, juge-t-il. Je pense que les habitants de Fréjus, les habitants du Var, et même de manière générale les Français, puisqu’il s’agit d’argent public, ont besoin de savoir comment cet argent est utilisé. »
Au début de septembre, prenant acte de la présence de 89 députés RN à l’Assemblée rivalisant de politesse et se montrant respectueux des institutions, Emmanuel Macron avait fait le choix de ne plus exclure le parti de l’arc républicain. Lors d’un séminaire à l’Elysée, au cours de la semaine du 6 septembre, le chef de l’Etat avait fait connaître cette nouvelle doctrine devant ses ministres, parmi lesquels le porte-parole du gouvernement. « Les forces républicaines sont celles que les Français ont choisies, expliquait-il. Il ne faut pas les boycotter, mais les affronter les yeux dans les yeux. »
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