Close

Un œil complet greffé pour la première fois

L’équipe chirurgicale du NYU Langone Health lors de l’opération de double transplantation partielle du visage et d’un œil, à New York, le 9 novembre 2023.

C’est un nouveau pas dans l’histoire de la greffe faciale. La première double transplantation partielle du visage et d’un œil entier a eu lieu le 27 mai à l’hôpital universitaire de New York Langone (NYU), aux Etats-Unis, a annoncé l’équipe médicale jeudi 9 novembre, lors d’une conférence de presse.

Le patient, Aaron James, 46 ans, habitant de l’Arkansas et ancien militaire américain, a été électrocuté en juin 2021 à plus de 7 000 volts alors qu’il travaillait sur une ligne à haute tension. L’accident a entraîné, entre autres, la perte de son œil gauche, de son nez, de sa bouche, et une partie de son menton, de ses dents et de son bras gauche. Supervisé par le docteur Eduardo Rodriguez, chirurgien plasticien responsable du programme de transplantation faciale au NYU, le projet a été imaginé dès le mois d’août 2022. Un plan ambitieux qui a mobilisé 140 personnes, tous métiers confondus.

Quarante-huit greffes du visage recensées dans le monde

Depuis la première greffe faciale réalisée en France en 2005, seules 48 greffes du visage ont été recensées à travers le monde, selon une publication de 2021, et les yeux n’étaient concernés que par des transplantations partielles, principalement de la cornée. Les quelques tentatives de greffe d’œil complet – certaines remontent au XIXe siècle – se sont soldées par des échecs, l’un des principaux défis étant de reconnecter le nerf optique pour restaurer la vision.

Alors, pourquoi tenter cette intervention chez Aaron James ? Ces dernières années, la recherche a progressé de façon notable concernant les traitements par immunosuppresseurs, prescrits à vie pour lutter contre un rejet de greffe. Mais ces molécules ne sont pas anodines : au-delà des risques d’infection qu’elles peuvent induire, elles demeurent susceptibles d’attaquer les reins ou d’accélérer le vieillissement. « Etant donné qu’Aaron avait de toute façon besoin d’une greffe du visage nécessitant la prise d’immunosuppresseurs, le rapport risque-bénéfice de la greffe d’un œil était très faible », explique le docteur Rodriguez dans un communiqué de presse.

Après seulement trois mois d’attente, un donneur compatible est identifié – taille, couleur de la peau, biomarqueurs. Pour optimiser le résultat, l’équipe du docteur Rodriguez a eu recours à des technologies de pointe. L’entreprise belge Materialise, spécialisée dans la planification 3D et la fabrication de dispositifs médicaux sur mesure, est intervenue pour fournir des modélisations 3D de l’opération à venir. Elle a aussi conçu des guides de coupe sur mesure imprimés en 3D « nous permettant de prélever des segments d’os sur le donneur et de les placer précisément sur le receveur, comme un puzzle », détaille le docteur Rodriguez. Les vis en titane maintenant les os entre eux ont, elles, été fournies par l’entreprise DePuy Synthes, propriété du groupe Johnson & Johnson.

Il vous reste 65% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 Comments
scroll to top