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Découverte d’un long épisode guerrier dans l’Espagne néolithique

Site de San Juan ante Portam Latinam, au Pays basque espagnol, où 338 individus ont été enterrés il y a plus de 5 000 ans.

Dans quelles circonstances sont morts les 338 individus enterrés dans un abri-sous-roche il y a plus de 5 000 ans, sur le site de San Juan ante Portam Latinam, au Pays basque espagnol ? Les archéologues, qui ont étudié le site après sa découverte fortuite en 1985, avaient d’abord pensé à un massacre, les squelettes portant de nombreuses traces de coups et de blessures. Mais une nouvelle analyse, publiée dans Scientific Reports le 2 novembre, conduite par Teresa Fernandez-Crespo (université de Valladolid) et ses collègues, suggère qu’une grande part des défunts auraient été tués lors de conflits guerriers récurrents, à une échelle encore inconnue pour cette période de la fin du néolithique.

« Nous nous sommes repenchés sur ces restes humains parce qu’il semblait y avoir trop peu de blessures perimortem [autour de la période de la mort] pour appuyer l’idée d’une cause unique et commune pour expliquer le décès d’au moins 338 individus, explique Teresa Fernandez-Crespo. Il y avait aussi une trop faible proportion de blessures crâniennes non guéries par rapport au nombre de blessures par flèches. »

Les archéologues espagnols ont donc réexaminé les blessures à la tête et dans le reste du corps, et ont découvert 77 traumatismes qui n’avaient pas été documentés. Ils constatent que les hommes, adultes et adolescents, concentrent 97,6 % des blessures qui n’étaient pas guéries au moment du décès, et 81,7 % de celles qui avaient eu le temps de cicatriser. « Ces résultats suggèrent que de nombreux individus, essentiellement des hommes, ont été exposés à des violences et finalement tués dans des batailles et des raids, dans la mesure où les comportements guerriers sont principalement restreints à cette catégorie démographique dans de nombreuses sociétés », concluent-ils. Ils estiment que le site offre un exemple de conflit de grande ampleur dont il allait falloir attendre un millénaire pour en trouver un équivalent, sur le site allemand de la vallée de la Tollense, à l’âge du bronze.

« Episodes récurrents »

« Toutefois, Tollense peut être interprété comme un champ de bataille, précise Teresa Fernandez-Crespo. Les deux sites ont en commun le grand nombre d’individus impliqués et le rôle principal des hommes dans ces violences, mais, alors que Tollense doit être compris comme un événement unique, il est probable que San Juan résulte d’épisodes récurrents de violences. » Ceux-ci auraient pu durer des mois, voire des années, conduisant les survivants à enterrer les cadavres parfois sur huit « couches » successives.

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