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Marche contre l’antisémitisme : « Nous ne défilerons pas à côté du RN », assurent la présidente de l’Assemblée nationale et le président du Sénat ; une partie de la gauche appelle à un « cordon républicain »

Le président du Sénat et la présidente de l’Assemblée nationale, Gérard Larcher et Yaël Braun-Pivet, le 8 mai 2023.

La marche contre l’antisémitisme prévue à Paris dimanche à l’appel des présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat, et à laquelle le Rassemblement national (RN) entend participer, n’en finit pas de créer des remous sur l’échiquier politique.

Mercredi matin, Marine Le Pen a appelé, sur RTL, « l’ensemble [des] adhérents et [des] électeurs [du RN] à venir se joindre à cette marche ». « Il est temps que le peuple français (…) exprime son rejet absolument total de l’augmentation spectaculaire des actes visibles (…) d’antisémitisme », a-t-elle ajouté. Eric Zemmour, président de Reconquête !, et Marion Maréchal, tête de liste du parti aux européennes, ont fait savoir qu’ils participeraient également à la marche.

Les annonces de la participation de l’extrême droite ont déclenché des réactions en cascade. « La justice française a condamné Jean-Marie Le Pen pour antisémitisme ; en ce sens, le RN n’a pas sa place à cette manifestation », a affirmé le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, qui a aussi « déploré que le président du RN [Jordan Bardella] soit incapable de couper avec les racines antisémites » de son parti, en niant l’antisémitisme de son fondateur. Lors du compte rendu du conseil des ministres, M. Véran a appelé à l’« apaisement et à l’unité nationale » afin de combattre « toutes les formes d’antisémitisme, toutes les formes de violence ».

Dans la même ligne, Emmanuel Macron a dénoncé ceux qui « prétendent soutenir nos compatriotes de confession juive en confondant le rejet des musulmans et le soutien des juifs, en refusant, ceux-là mêmes, de condamner clairement leur position passée et tous les mots définitifs d’hier », dans une allusion à l’extrême droite.

Mercredi soir, Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher, présidente et président respectivement de l’Assemblée nationale et du Sénat, ont annoncé sur TF1 qu’ils « défileront en tête de ce cortège » mais « pas à côté du Rassemblement national ». « Ce n’est pas un rassemblement politique, ce n’est pas un meeting », a insisté Mme Braun-Pivet, appelant à ne « pas salir le message » de cette marche « avec des polémiques stériles ». Les deux élus ont déclaré qu’une « unique banderole en tête de cortège », sur laquelle sera inscrit « Pour la République, contre l’antisémitisme », sera autorisée.

M. Véran a annoncé que la première ministre, Elisabeth Borne, participera à la manifestation, tout comme plusieurs membres du gouvernement. En revanche, la décision d’Emmanuel Macron de participer ou non n’est pas encore connue. Mercredi, le chef d’Etat n’a pas profité de son discours devant le Grand Orient de France, principale obédience française de francs-maçons, pour évoquer la marche de dimanche. Il a cependant relevé que « l’antisémitisme refait surface », « dans les mots et sur les murs ».

« Distinguer progressistes et forces d’extrême droite »

La question de la participation ou non à la marche a agité également la gauche mercredi. La France insoumise (LFI) et ses députés ont déclaré qu’ils ne se rendraient pas à la manifestation, en raison de la participation prévue du RN. « Lutter contre l’antisémitisme et contre toutes les formes de racisme est impraticable aux côtés d’un parti qui trouve ses origines dans l’histoire de la collaboration avec le nazisme », affirme le mouvement dans un communiqué, estimant que « l’ambiguïté des objectifs » de cette manifestation « permet les soutiens les plus insupportables »

« Notre pays a besoin d’initiatives qui unifient notre peuple », poursuit la formation de gauche, jugeant « nécessaire de se réunir autour des objectifs de paix pour exiger clairement un cessez-le-feu et la libération des otages » retenus par le Hamas depuis son attaque meurtrière du 7 octobre. Mardi soir, Jean-Luc Mélenchon, leader du mouvement, avait qualifié dans un tweet cette marche de « rendez-vous » des « amis du soutien inconditionnel au massacre » commis selon lui par l’armée israélienne dans la bande de Gaza.

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En début d’après-midi, le Parti socialiste (PS), le Parti communiste (PCF) et Les Ecologistes ont eux publié un communiqué commun pour appeler « largement les citoyennes et les citoyens » à participer à la marche. Les partis de gauche proposent de réaliser « un cordon républicain » pour « distinguer dans la manifestation un cortège rassemblant tous les républicains et progressistes d’une part et le Rassemblement national et les forces d’extrême droite d’autre part ». PS, PCF et Ecologistes ne « reconnaissent aucune légitimité » à ces dernières « à manifester contre l’antisémitisme ».

Les trois partis ont enfin demandé à Yaël Braun-Pivet et à Gérard Larcher « de déclarer publiquement que les forces d’extrême droite ne sont pas les bienvenues ».

Le Monde avec AFP


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