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Covid long : un parcours de soins chaotique

Mesure de la saturation en oxygène. Certains patients souffrent au long cours d’une grande diversité de symptômes, ce qui rend complexe le diagnostic de Covid long. A l’Hôtel-Dieu, à Paris, le 6 octobre 2021.

Plus de trois ans après le début de la pandémie de Covid-19, des millions de personnes infectées par le SARS-CoV-2 présentent encore des symptômes persistants plusieurs semaines, voire plusieurs mois, après avoir été atteintes.

Ces formes chroniques de l’infection entrent dans la catégorie des syndromes post-infectieux et sont appelées syndrome post-Covid (SPC) ou plus communément Covid long. Selon la définition de l’Organisation mondiale de la santé, ces symptômes ne peuvent être expliqués par un autre diagnostic. Souvent, cet état, qui doit être distingué des séquelles fréquentes après un Covid-19 sévère avec réanimation, se distingue de l’état antérieur de la personne.

« La prise en charge des personnes souffrant de SPC reste à améliorer, elle est insatisfaisante », juge le comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires (Covars), dans son dernier avis, remis, mardi 7 novembre, au ministère de la santé et rendu public mercredi 8.

Ce travail, copiloté par Yvanie Caillé, fondatrice de l’association de patients Renaloo, et Xavier Lescure, infectiologue à l’hôpital Bichat (Assistance publique- Hôpitaux de Paris, AP-HP), insiste aussi sur une grande hétérogénéité géographique et considère la formation des professionnels de santé « incomplète ». Conséquence : « Les patients font face à des parcours de soins trop complexes et trop souvent erratiques », voire chaotiques, se sentent parfois stigmatisés, ce qui entraîne une crise de confiance vis-à-vis des professionnels de santé.

La variabilité de la maladie en fait un sujet complexe avec pas moins de deux cents symptômes, selon la littérature scientifique. Fatigabilité anormale, symptômes neurologiques (maux de tête, troubles cognitifs, sensations de vertige…), troubles anxieux et dépressifs… Les manifestations peuvent fluctuer dans le temps.

« Les associations de patients, devenues expertes, insistent aussi sur le caractère parfois invalidant de la maladie », souligne l’avis, avec des répercussions sociales et économiques. « Les conséquences en termes de décrochage scolaire, perte de productivité, arrêt-maladie prolongé, adaptation au travail, perte de travail, démission, sont réelles », est-il relaté dans l’avis. Le SPC a touché environ 10 % des personnes infectées et « semble encore impacter au quotidien plusieurs centaines de milliers de personnes en France », note le Covars.

Une tendance à la psychiatrisation des symptômes

Le sujet, complexe, est « sensible », selon les mots du professeur Lescure. L’objectif de cet avis, qui a nécessité plusieurs mois de travail, de nombreuses auditions (professionnels de santé, associations de patients, agences de santé…), est « de dépasser la polémique pour proposer des solutions positives, pragmatiques et opérationnelles pour les patients », précise l’infectiologue. « Certains internistes et psychiatres ont parfois tendance à la psychiatrisation des symptômes et à considérer qu’il s’agit de troubles somatoformes [des symptômes somatiques sans explication organique] », détaille-t-il. Certes, les symptômes sont ressemblants, mais il importe de distinguer les deux, de ne pas faire « d’amalgame ».

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