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A Saint-Etienne, le scandale de la « sextape » n’en finit plus de traumatiser la ville

La Fête du livre vient à peine d’ouvrir ses portes, ce matin d’octobre, quand deux souriantes jeunes femmes arpentent le chapiteau principal pour distribuer des marque-pages au public. Des signets pas comme les autres : l’affiche officielle de cette 42e édition y a été détournée avec des slogans chocs, « Perdriau démission », « Perdriau dégage ». La cible du Comité Défaite à l’origine de cette action : le maire de la ville, Gaël Perdriau, 51 ans, mis en examen pour chantage dans une histoire de « sextape » révélée par Mediapart en août 2022. Une affaire aussi effrayante qu’abracadabrante qui s’est déroulée au sein même de l’hôtel de ville et n’en finit pas de secouer la cité stéphanoise.

Pour comprendre comment Saint-Etienne s’est retrouvée au cœur d’un scandale où le malsain le dispute au grotesque, il faut revenir en 2014, année où Gaël Perdriau, un ex-commercial chez EDF, est élu maire sous l’étiquette Les Républicains (LR). Une victoire obtenue contre le sortant socialiste, Maurice Vincent, grâce à une alliance avec les centristes, conduits par l’ancien député Gilles Artigues. A peine ce dernier nommé premier adjoint, selon l’accord conclu entre les deux partis, la situation se dégrade dans le huis clos de la mairie. M. Perdriau et son directeur de cabinet, Pierre Gauttieri, semblent s’être donné pour objectif d’éradiquer toute concurrence ou opposition potentielles. « J’étais plus connu que lui, j’avais davantage de réseaux, ils se sont dit : “Il faut qu’on l’élimine” », décrypte Gilles Artigues, la victime de la « sextape », devant Le Monde.

En janvier 2015, un terrible piège lui est tendu par un de ses adjoints, Samy Kéfi-Jérôme, et le compagnon de ce dernier, le communicant Gilles Rossary-Lenglet, lequel, très bavard devant la police, reconnaît les faits et affirme aujourd’hui avoir agi pour le compte du maire et de son directeur de cabinet, M. Gauttieri.

L’opération de barbouzerie, relatée en détail par Mediapart, a lieu à Paris en marge d’une réunion dans un hôtel situé près de la gare de Lyon. M. Kéfi-Jérôme informe M. Artigues qu’un de ses amis va les rejoindre pour dîner et lui propose de passer prendre l’apéritif dans sa chambre. L’« ami » est en réalité un escort boy recruté pour l’occasion par M. Rossary-Lenglet. Gilles Artigues raconte au Monde avoir bu un verre et ne plus se souvenir de ce qui s’est passé ensuite. Dix-huit mois plus tard, ce catholique pratiquant, marié et père de quatre enfants, qui s’était opposé au mariage pour tous, sera brutalement ramené à la réalité quand Samy Kéfi-Jérôme lui montre l’extrait d’une vidéo où on le voit en posture délicate en train de se faire masser par l’escort. Ce film de trois minutes, intitulé In Bed with Gilles Artigues, constitue une « assurance-vie politique », lui explique le jeune élu : si le premier adjoint ne s’efface pas du paysage politique, la vidéo sera divulguée et sa carrière brisée. « Ma vie s’est arrêtée, j’ai eu envie de me jeter sous le tramway », confie aujourd’hui M. Artigues.

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