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Les « bronzetti » sardes, fascinants représentants d’un monde symbolique qui nous échappe

« Démon » en bronze du VIIIᵉ siècle avant notre ère, provenant du sanctuaire nuragique d’Abini, à Teti, en Sardaigne.

Il se poste derrière deux boucliers et arbore une sorte de casque dont jaillissent deux longues cornes emboulées. Surtout, à le regarder de près, on s’aperçoit qu’il a quatre yeux et autant de bras. Qualifié de « démon » – mais peut-être ne s’agit-il que d’un ancêtre mythifié –, ce personnage fantastique préside une des vitrines qui, au Musée archéologique national de Cagliari (Sardaigne), présentent les bronzetti, ces petites statuettes de bronze caractéristiques de la civilisation nuragique, laquelle domina l’île à l’âge du bronze et au début de l’âge du fer, entre 1800 et 800 av. J.-C.

Parmi les quelque cinq cents bronzetti qui subsistent aujourd’hui, certaines caractéristiques sont récurrentes : des hommes qui saluent en levant l’avant-bras, d’autres qui portent un pain ou un animal en offrande, d’autres encore vêtus d’une cape, qu’on imagine en chefs de tribu. « Sont représentés des personnages de la vie quotidienne, mais aussi des “lutteurs”, des “chasseurs”, des “soldats” », résume Isabelle Catteddu. Cette archéologue, qui, en France, officie à l’Institut national de recherches archéologiques préventives, tient à mettre des guillemets aux noms communs accolés à ces personnages, car « ce sont des mots actuels que l’on plaque » sur une culture dont nous sommes séparés par quatre millénaires.

« Ces statuettes sont considérées comme des offrandes, ajoute-t-elle. Les plus anciennes arrivent vers 1200-1100 av. J.-C., en ce moment de crise de la civilisation nuragique où l’on voit se développer les sanctuaires. Les dernières, datées entre 900 et 700 av. J.-C., peuvent atteindre environ 40 centimètres de hauteur, et elles ont été retrouvées sur le site d’Abini. » En plus des personnages humains, on a de nombreux animaux – cerfs, bœufs, chiens, chèvres, brebis, oiseaux… –, ainsi que des statuettes ressemblant à des barques dotées d’une figure de proue animale, mais qui avaient peut-être, plus pragmatiquement, une fonction de lampe étant donné leur forme.

Un univers mental fertile

Toujours en bronze et toujours symboliques sont les épées votives que l’on a découvertes nombreuses près des fontaines sacrées et des temples à puits. Souvent un personnage humain associé à un animal stylisé en forme la poignée. Comment sait-on qu’il s’agissait d’épées votives ? « L’analyse du métal a montré que la proportion d’étain par rapport au cuivre était telle qu’elles étaient inutilisables en tant qu’armes, trop fragiles », répond Isabelle Catteddu. Que signifiait leur présence ? Mystère.

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