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En Sardaigne, le voile se lève sur la mystérieuse civilisation des nuraghes

Vue aérienne d’un village nuragique, sur le site archéologique Su Nuraxi, à Barumini, en Sardaigne, en Italie.

Au début, on n’y prend pas garde. Et puis, petit à petit, à parcourir en voiture les routes de Sardaigne sous un soleil qui joue les prolongations d’octobre, le regard s’aiguise, l’œil s’exerce, et l’on finit par les voir partout. Postés au loin comme des sentinelles de pierre, certains encore fièrement dressés, d’autres écroulés mais toujours là, défiant les millénaires. Eux, ce sont les nuraghes. Qu’on ne s’y trompe pas : malgré leur air de tours de château fort, ces édifices monumentaux – dont la silhouette orne des étiquettes de pecorino sarde ou de bouteilles de vin – ne renvoient pas au Moyen Age. Non, ces constructions sont les symboles d’une civilisation mystérieuse bien plus ancienne qui, mille ans durant, de 1800 à 800 av. J.-C., à cheval sur l’âge du bronze et celui du fer, domina la Sardaigne.

Archéologue en France à l’Institut national de recherches archéologiques préventives, Isabelle Catteddu, de père sarde, a fait ses premières armes ici et y revient tous les étés. Elle, dont le grand-père abritait ses moutons dans l’un des huit mille nuraghes qui subsistent, avait alors pour but de « comprendre comment le territoire avait évolué jusqu’à la période romaine où on a réutilisé les sites nuragiques ».

A une époque sans GPS, dans la province occidentale d’Oristano où elle prospectait, tout se faisait à pied pour dénicher des vestiges cachés par le relief, les chênes verts, les oliviers et les broussailles : « Je suis allée voir les bergers, les chasseurs, ceux qui connaissaient le territoire. Ils m’ont appris à lire le terrain autrement. » Difficile, donc, de trouver meilleur guide qu’Isabelle Catteddu pour explorer ces sites et y remonter le temps.

Nous voici à Santa Cristina pour notre premier nuraghe. Pas très impressionnant, car seuls les sept premiers mètres de hauteur ont tenu. D’énormes blocs de basalte s’empilent les uns sur les autres, bruts ou légèrement dégrossis. Aucun mortier. Après l’entrée, on accède à une salle dite « à tholos », c’est-à-dire dont les parois circulaires en encorbellement se rapprochent en montant pour former une ogive – intacte – sur laquelle s’appuyait un second niveau aujourd’hui disparu. La structure est autoportante et on a la désagréable impression, en levant les yeux au plafond, que tout s’effondrerait sur nos friables carcasses si l’on en retirait un caillou. Les interstices entre les blocs de pierre sont comblés par des blocs plus petits. Plusieurs niches plus ou moins grandes ont été aménagées. Un lézard qui prenait le frais se sauve…

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