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Dans l’est de la RDC, la mission de l’ONU lance l’opération « Springbok » avec l’armée congolaise

Des casques bleus de la Monusco lors d’un exercice à Saké, dans l’est de la République démocratique du Congo, le 6 novembre 2023.

La mission de l’ONU en République démocratique du Congo (RDC), la Monusco, est accusée d’inefficacité par de nombreux habitants qui lui demandent de partir, mais les casques bleus de la nouvelle opération « Springbok » déployés dans l’est du pays s’affirment déterminés à protéger la grande ville de Goma d’un éventuel assaut rebelle.

Avec les Forces armées de la RDC (FARDC), la Monusco a organisé lundi 6 novembre un déplacement pour la presse depuis Goma jusqu’à Sake, à environ 30 km de la capitale provinciale du Nord-Kivu. A l’arrivée des journalistes, sur une colline et dans un vallon du village de Kimoka, certains casques bleus ont simulé le lancement d’obus de mortier, tandis que d’autres se couchaient au sol, armes chargées, sous le regard curieux des passants.

« C’est une position défensive pour contrer toute avancée du M23 [Mouvement du 23-Mars]. S’ils arrivent et dépassent la ligne, nous avons l’équipement nécessaire pour les arrêter », a déclaré le major Eric Deshaies-Martin, chef de l’information aux opérations de la force de la Monusco. « L’ennemi est vers le nord et s’il arrive, nous serons prêts à nous battre », confirme le lieutenant colonel Kevin Byabato Rweyemamu, porte-parole militaire de la Monusco.

Vendredi, le commandant de la force onusienne, le général Otavio Rodrigues de Miranda Filho, avait annoncé à Goma le lancement le jour même, avec les FARDC, de l’opération conjointe « Springbok », destinée à « protéger la population » et empêcher les rebelles du M23 de prendre Goma. « Notre objectif principal est d’arrêter toute velléité du M23 d’envahir Sake ou Goma », avait-il déclaré, tout en soulignant que cette opération était « défensive ».

Sake, « un rempart essentiel »

Le M23, soutenu par le Rwanda selon de nombreuses sources, avait brièvement occupé Goma fin 2012, avant d’être défait l’année suivante. Il a repris les armes il y a deux ans et s’est emparé depuis de vastes pans de territoire dans le Nord-Kivu. Après six mois d’une relative accalmie, des affrontements violents ont repris début octobre entre les rebelles d’une part, les FARDC et des groupes armés se présentant comme « patriotes » d’autre part, provoquant de nouveaux déplacements massifs de population.

Interrogé lundi par l’AFP sur la raison pour laquelle l’opération « Springbok » débute maintenant alors que le M23 est à l’offensive depuis deux ans, le général Miranda Filho a répondu qu’il n’était « pas là l’année dernière ». « Je suis arrivé au mois de mars et je peux vous assurer que je ne suis pas ici pour fuir les combats », a-t-il affirmé. Le M23, a précisé le général brésilien, « progresse actuellement vers le sud » en direction de Sake, « cité qui se veut un rempart essentiel dans la défense de Goma ».

L’opération « Springbok » est constituée de casques bleus indiens, marocains, uruguayens et guatémaltèques, ont indiqué les officiers lors du déplacement à Sake, sans en révéler l’effectif. L’annonce de son lancement a été accueillie avec scepticisme à Goma, dont les habitants demandent à l’armée congolaise de passer à l’offensive et de chasser le M23 du Nord-Kivu.

Le mouvement citoyen Lucha a d’ailleurs encore appelé lundi à un sit-in dans la ville, mercredi, pour réclamer le départ de la Monusco, présente depuis 1999, et de la force de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) déployée depuis moins d’un an dans la région mais accusée elle aussi de cohabiter avec les rebelles plutôt que de les combattre. La Lucha « estime que l’implication de la Monusco et de l’EAC entrave le développement du pays et qu’il est temps que l’armée congolaise prenne davantage de responsabilités pour assurer la sécurité du pays », a déclaré le mouvement dans un communiqué.

Le gouvernement congolais souhaite lui aussi un départ « accéléré » de la Monusco et de ses 14 000 casques bleus à partir de décembre.

Le Monde avec AFP

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