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Chez les constructeurs automobiles français, un mercato très actif

Carlos Tavares, alors patron de PSA (aujourd’hui directeur de Stellantis), présente le nouveau plan stratégique du groupe, « Push to Pass », à Paris, le 5 avril 2016.

Zineb Ghout, 43 ans, est, depuis août, la nouvelle directrice de Peugeot-France. Avant de diriger les opérations du constructeur dans l’Hexagone, elle avait passé près de vingt ans au sein de Renault, dont elle était jusqu’alors la directrice du marketing. Il n’y a pas si longtemps, un tel transfert aurait fait beaucoup de bruit. Désormais, l’arrivée d’un transfuge venu de « la maison d’en face » n’a plus rien de choquant.

Jusqu’au milieu des années 2010, il existe entre Renault et ses rivaux un pacte implicite de non-débauchage des cadres dirigeants. Le seul accroc notable à ce gentleman’s agreement (accord informel) se produit en 1975, lorsque Robert Opron – qui dirigeait le centre de style de Citroën où il avait dessiné la CX et la SM, entre autres – claque la porte pour aller dessiner des Renault. La Régie lui doit la R11, la Fuego et la R25. Même si le design automobile est alors l’un des seuls terrains propices aux allers-retours, ce passage à la concurrence du directeur du style d’un constructeur demeurera longtemps une exception à la règle.

Tout change en 2014. Cette année-là, se produit l’inimaginable : un haut dirigeant change de camp pour s’en aller saisir les rênes du grand rival. Carlos Tavares, qui rongeait son frein derrière Carlos Ghosn comme numéro deux de Renault, est choisi par la famille Peugeot pour prendre la direction de PSA. L’arrivée du nouveau patron va désinhiber les envies d’ailleurs de certains et amorcer un très actif mercato parmi les constructeurs automobiles français.

Choix affinitaires

En 2020, la firme de Billancourt, mal en point, subit une fuite des cerveaux vers PSA, qui devient Stellantis. Arnaud Deboeuf est recruté comme directeur industriel et Thierry Koskas promu directeur des ventes, alors que Béatrice Foucher prend en main les destinées de DS.

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Quelques mois plus tard, le mouvement de balancier s’inverse. Luca de Meo, directeur de Renault, lui-même venu du groupe Volkswagen, déroule le tapis rouge devant Gilles Vidal, nommé à la tête du design, et Arnaud Belloni, chargé du marketing. Puis c’est au tour de Gilles Le Borgne de débarquer chez la marque au losange pour y diriger l’ingénierie, la fonction qu’il exerçait déjà chez PSA. Des recrutements qui, le plus souvent, ne sont pas le fruit de réseaux de grandes écoles mais la conséquence de choix affinitaires, nés de liens tissés chez divers constructeurs.

En franchissant le Rubicon en 2014, Carlos Tavares a fait sensation mais pas scandale. Renault n’a brandi nulle clause de non-concurrence – les marques sont, en revanche, plus sourcilleuses sur le respect des clauses de confidentialité incluses dans les contrats qu’elles font signer – car les mœurs ont évolué dans l’automobile. Bien avant lui, l’ingénieur allemand Bernd Pischetsrieder a dirigé BMW de 1993 à 1999, puis le groupe Volkswagen de 2002 à 2006.

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