Close

Aujourd’hui encore, les femmes arrêtent massivement leur travail salarié pour s’occuper des enfants

Emilie, 37 ans, et son fils, Martin, 1 an et demi, dans leur appartement d’Issy-les-Moulineaux, le 20 octobre 2023.

Que personne ne vienne dire à Emilie, 37 ans, qu’elle ne travaille pas. La jeune mère est « tout sauf au chômage », martèle-t-elle, en tenant les épaules de son fils, de peur qu’il chute du canapé à force de sauter. Avant la naissance de Martin, 1 an et demi, elle était aide-soignante dans un hôpital de Tourcoing, près de Lille. « Aller à l’hôpital me prenait moins d’énergie que de m’occuper de lui et de la maison, c’est du vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept », constate-t-elle. Elle et son conjoint, Nicolas (ils n’ont pas souhaité donner leur nom), ont jugé qu’il était plus simple qu’elle prenne un congé parental de longue durée en raison de ses horaires de travail très tôt le matin et parfois même de nuit. « Nicolas est ingénieur naval dans l’armée, il est souvent en déplacement, alors on s’est dit que c’était la meilleure des options. »

L’égalité des genres progresse (un peu) en France, selon un rapport de l’Institut européen pour l’égalité entre les femmes et les hommes (EIGE) sorti le 24 octobre. Et pourtant, aujourd’hui encore, ce sont presque toujours les mères, comme Emilie, qui interrompent leur carrière pour s’occuper des enfants au-delà du congé de maternité légal de deux mois et demi.

Selon l’Insee en 2018, 96 % des personnes qui arrêtaient de travailler pour prendre soin d’un enfant (ou d’un parent) étaient des femmes. En 2020, la part des mères de 25 à 49 ans dites « inactives » selon l’Insee (c’est-à-dire sans emploi et qui n’en cherchent pas) passait ainsi de 12 % à 17,8 % à la naissance du premier enfant, à 25 % avec deux enfants dont au moins un de moins de 3 ans et même à 52,5 % avec plus de trois. A l’inverse, le taux d’« inactivité » des pères, lui, diminue. Il passe de 6,2 % à 5,3 % avec l’arrivée d’un bébé, et à 3,5 % seulement avec deux enfants.

« Les contraintes de conciliation entre les sphères domestique et professionnelle reposent d’abord sur les femmes », résume l’Insee dans une étude de 2022. L’incidence sur l’emploi dépend également du milieu socioprofessionnel. Ainsi, seules 77 % des ouvrières déclarant avoir des « responsabilités familiales » sont en emploi, contre 93 % des femmes cadres. Même lorsqu’elles gardent leur poste, les femmes sont plus nombreuses que les hommes à réduire leur temps de travail : 30 % des mères sont ainsi à temps partiel (quel que soit le nombre d’enfants), contre seulement 4,8 % des pères, selon l’Insee.

« Sacrifier un emploi “féminin” coûte moins cher »

Ces écarts tiennent pour partie, encore, au poids des stéréotypes de genre et aux rôles dévolus dans les familles. « Le travail gratuit des femmes comme s’occuper des enfants est beaucoup plus accepté traditionnellement », résume Marie Sautier, sociologue, doctorante à Sciences Po Paris et à l’université de Lausanne. L’EIGE rappelle qu’il est toujours attendu des femmes qu’elles assument la majeure partie des soins non rémunérés et des tâches domestiques. Toujours selon l’Insee, 69 % des mères à temps complet déclarent réaliser plus de sept heures de travaux ménagers par semaine, contre 35,3 % des pères à temps complet.

Il vous reste 50% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 Comments
scroll to top