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Telecom Italia : « Quel est le masque de Vivendi dans la comédie qui se joue à Rome autour du sort de l’opérateur national ? »

La tour Telecom Italia à Rozzano, au sud de Milan, en 2019.

Dans la commedia dell’arte, l’ancêtre de beaucoup de comédies européennes, chaque acteur arbore un costume et un masque bien reconnaissables. On y retrouve le crédule Pantalon, le matamore Capitan ou le rusé Arlequin. Quel est le masque de Vivendi dans la comédie qui se joue à Rome autour du sort de l’opérateur national Telecom Italia ?

Ce dimanche 5 novembre, le conseil d’administration de la firme a donné son feu vert à la vente du réseau fixe de la firme au fonds d’investissement américain KKR pour près de 22 milliards de dollars (20,5 milliards d’euros). Vivendi, son premier actionnaire (23,75 %), s’y oppose vigoureusement et se réserve le droit d’utiliser tous les moyens légaux pour faire capoter la cession de ce joyau pour une somme qu’il juge bien trop faible. C’est le Vivendi Capitan qui montre ses muscles.

Ce serait la première fois en Europe continentale qu’un opérateur téléphonique se délesterait de ses lignes qui courent jusque dans les foyers de la Péninsule. Un actif stratégique au moment où tous les pays sont engagés dans de vastes plans de conversion de leurs vieux réseaux cuivre à la fibre optique et sa promesse d’Internet à haut débit. L’Italie accuse un grand retard avec, selon l’AFP, près de 44 % des foyers connectés, contre 63 % pour la France et 89 % pour l’Espagne. Un marché considérable, donc, mais qui demande ce dont Telecom Italia manque le plus : de l’argent.

Désordre managérial

La firme est endettée à plus de 26 milliards d’euros, alors qu’elle doit en investir 13 dans son plan de câblage 2023-2025. Les faibles marges, dues à la concurrence domestique, et le désordre managérial secouent l’entreprise depuis des années. En huit ans de construction patiente et après plus de 4 milliards d’investissement, le français n’est pas parvenu à imposer ses vues et à redresser la situation, perdu dans cette comédie romaine. C’est le Vivendi Pantalon, crédule et d’autant plus piégé que l’offre de KKR est soutenue par le gouvernement italien, qui prendra 20 % de la nouvelle société au nom de la souveraineté nationale.

Comment s’en sortir ? Il faudrait imaginer alors un Vivendi Arlequin qui utiliserait son pouvoir de nuisance sur Telecom Italia pour mieux négocier la bienveillance de l’Etat s’il jette son dévolu sur une partie de l’empire médiatique du défunt Silvio Berlusconi, Media for Europe. Ce serait aussi plus proche des métiers du groupe que les télécommunications. L’ingrédient majeur des comédies n’a pas changé depuis le XVIᵉ siècle : le rebondissement.

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