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Myroslav Marynovytch, figure ukrainienne de la dissidence soviétique : « J’attends des Russes une résistance organisée contre la guerre en Ukraine »

Recteur de l’Université catholique ukrainienne de Lviv, Myroslav Marynovytch, 64 ans, est l’un des derniers dissidents soviétiques ukrainiens vivants. Son engagement pour la défense des droits de l’homme lui a valu, en 1977, une condamnation à sept ans de goulag. Il a purgé cette peine au tristement célèbre camp Perm-36, à 1 500 kilomètres de Moscou, dans l’Oural, suivi de cinq années d’exil au Kazakhstan. Il est aujourd’hui l’une des figures intellectuelles les plus respectées d’Ukraine.

Comme tout pays faisant face à un danger existentiel, l’Ukraine, depuis l’invasion russe, a besoin d’unité. Mais cette guerre s’inscrit dans la durée. Est-il souhaitable, et possible, selon vous, de critiquer le pouvoir politique dans une telle situation ?

Je suis un démocrate et, par conséquent, je considère que les citoyens de n’importe quel pays doivent avoir le droit de critiquer. Mais, en même temps, tout en observant ce qui s’est passé en Ukraine, je ne peux que me réjouir du fait que l’intensité des polémiques politiques diminue. Ce n’est pas dû à des persécutions politiques ou à de la censure. Notre nation a eu un réflexe d’unité, et c’est cela qui atténue le débat politique.

Néanmoins, la liberté de parole demeure, celle de la presse aussi. Il reste des chaînes de télévision entre les mains de l’opposition, où l’on peut entendre des points de vue relativement critiques à l’égard de notre président [Volodymyr Zelensky]. Je ne me fais pas de souci pour la liberté d’expression en Ukraine.

Pensez-vous qu’il soit nécessaire d’organiser l’élection présidentielle, comme prévu, en 2024 ?

Ce sujet m’étonne beaucoup. Comment peut-on envisager une élection en temps de guerre ? Alors que tant de nos concitoyens se trouvent à l’étranger et que tant d’autres subissent l’occupation russe ! Un ami américain m’a rétorqué que, pour les Occidentaux, il est fondamental que soit organisé un tel scrutin. Mais, moi, je veux une élection honnête et juste. Je ne veux pas que mon pays apparaisse comme une autocratie.

Y a-t-il aujourd’hui un débat public sur cette question en Ukraine ?

Absolument, le débat existe, sur les réseaux sociaux comme dans les médias.

Le Parlement ukrainien examine en ce moment une loi visant à interdire le clergé orthodoxe ukrainien affilié à Moscou. Est-ce une décision judicieuse ? Les prêtres de cette Eglise orthodoxe sont-ils tous des agents d’influence ennemis ?

Sans aucun doute, une partie du clergé est sincère dans sa foi. Il y a eu une déclaration du clergé de l’Eglise orthodoxe ukrainienne du patriarcat de Moscou [EOU-PM] à la fin 2022 pour régler cette question sur son indépendance. Cela se traduit notamment par le droit de ne pas faire référence au patriarche de Russie, Kirill, durant les prières. Cette démarche est mal passée dans le haut clergé, qui a commencé à écarter les cent cinquante signataires de la déclaration.

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