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L’Europe spatiale à la recherche d’une sortie de crise

La fusée européenne Ariane-6 sur son aire de lancement, dans le port spatial de l’Europe, à Kourou (Guyane), le 22 juin 2023.

C’est un cruel anniversaire qui se profile. Le 2 décembre 2014, déstabilisés par l’arrivée subite d’Elon Musk, qui s’imposait sur le marché des lanceurs en cassant les prix, les Européens réagissaient en décidant de concevoir Ariane-6, une fusée capable de concurrencer les Falcon 9 du milliardaire. L’objectif était de parvenir à un premier vol en juillet 2020.

Près de neuf ans plus tard, il n’en est rien. Pire, la société SpaceX de M. Musk domine le marché et impose ses règles. Depuis cet automne, l’Europe ne dispose plus d’accès à l’espace. En effet, la dernière Ariane-5 a décollé en juillet et le tuilage prévu avec sa successeure, Ariane-6, n’a pu être effectué comme prévu en raison des retards accumulés. Il faudra attendre 2024 pour un premier tir. Comble de malchance : la petite fusée italienne Vega a procédé à son dernier lancement en octobre, et le programme du modèle suivant, Vega-C, a été suspendu après un échec en vol.

Aux difficultés techno-industrielles du programme Ariane-6 et à la lourdeur de l’organisation s’ajoutent, depuis deux ans et demi, des tensions politiques. L’Allemagne, l’un des trois principaux partenaires du projet piloté par l’Agence spatiale européenne (ESA), aux côtés de la France, maître d’œuvre du programme, et de l’Italie, veut désormais faire cavalier seul en matière spatiale. Elle entend mettre fin au leadership des Français d’ArianeGroup dans ce domaine, en menant son propre développement de minilanceurs, qui feraient concurrence à Ariane et à Vega. Pour obtenir cette ouverture de la concurrence, Berlin fait pression, en menaçant de ne plus continuer à financer le lanceur européen, qu’il juge trop cher et mal géré.

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C’est dans ce contexte tendu que se réunissent, lundi 6 novembre à Séville (Espagne), les représentants des vingt-deux pays membres de l’ESA. Un rendez-vous capital pour le premier des deux jours du Space Summit, qui se tient tous les six mois dans le pays assurant la présidence tournante de l’Europe – actuellement l’Espagne – et qui se poursuit le lendemain, mardi, par un conseil de l’Union consacré à l’espace.

L’objectif est de trouver un compromis permettant à la fois d’assurer les dix premières années d’exploitation d’Ariane-6 et de préparer l’avenir, en ouvrant le marché des lanceurs à la concurrence. Si les discussions aboutissent, une nouvelle page de l’histoire spatiale européenne s’écrira, marquée par un changement de paradigme analogue à celui qu’ont connu les Etats-Unis avec l’arrivée de compétiteurs privés comme Elon Musk.

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