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« L’économie circulaire doit s’imposer comme le modèle de référence du secteur de l’habillement »

Ces dernières années, les images alarmantes de vêtements s’entassant dans des décharges à ciel ouvert hors des frontières européennes n’ont cessé de se multiplier. Le gouvernement français s’est engagé, lors de débats autour du projet de loi sur l’industrie verte promulguée le 23 octobre, à lutter contre ce phénomène. Mais le chemin est encore long.

Chaque année, à l’échelle mondiale, ce sont, selon les chiffres l’Organisation mondiale du commerce, 5,3 millions de tonnes de textiles et de chaussures usagés qui sont exportées, principalement depuis trois régions : l’Union européenne (UE), les Etats-Unis et un troisième pôle émergent composé de la Chine et du Pakistan. Et la France ? Ses exportations de « fripes », selon les statistiques douanières, représentaient en 2021 166 000 tonnes, soit 3 % du total mondial.

Abandonnées sur des décharges

L’exportation de fripes fait aujourd’hui partie intégrante du système français et européen de gestion de la fin de vie des textiles. D’abord, la demande locale sur le marché du réemploi est trop faible pour pouvoir offrir une seconde vie en Europe à tous les vêtements collectés.

En conséquence, les opérateurs de collecte et de tri, dont plus de 70 % relèvent de l’économie sociale et solidaire, sont amenés à exporter la plus grande partie de ces vêtements collectés et répondent ainsi aux besoins du marché international de la fripe. Les solutions de recyclage industriel étant presque inexistantes à l’échelle européenne, ces textiles et chaussures finiraient sinon incinérés.

Force est de constater que ce modèle a atteint ses limites : sur le total des fripes exportées, des centaines de tonnes se retrouvent bien trop souvent abandonnées sur des décharges à ciel ouvert à plusieurs milliers de kilomètres de l’Europe. Cette situation n’est plus acceptable à l’heure où l’urgence climatique oblige : l’économie circulaire doit s’imposer comme le modèle de référence.

Les attentes vis-à-vis des acteurs de la filière textiles et chaussures sur ce sujet sont légitimes. Il est urgent d’accompagner la transition du secteur vers une économie 100 % circulaire pour stopper la pollution induite par cette exportation insuffisamment maîtrisée et par le manque d’infrastructures de gestion des déchets dans les pays de destination.

Encadrement réglementaire

Il faut aussi agir pour redonner confiance au grand public qui pourrait se détourner des associations sociales et solidaires et refuserait de déposer ses vêtements dans les bennes de collecte installées sur la voie publique. Ces antennes sont pourtant des acteurs-clés de la collecte, du réemploi et du tri des textiles et chaussures usagés en France.

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