Cela fait plusieurs mois déjà que la Cour des comptes déplore de ne pas disposer d’une évaluation globale du coût de l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (JOP) pour les finances publiques, et tout particulièrement des coûts liés à la sécurité, qui seront à la charge de l’Etat à l’été 2024.
Alors que le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a déclaré que l’événement mobiliserait 30 000 policiers et gendarmes chaque jour en moyenne (35 000 pour la cérémonie d’ouverture), le rapport de la commission des finances du Sénat sur les crédits de la mission Sécurités, inscrits au projet de loi de finances pour 2024, donne un premier aperçu de l’impact pour ce qui concerne la gendarmerie.
Tout en soulignant que « les données disponibles ne permettent pas d’évaluer clairement le coût total des moyens déployés par les forces de sécurité intérieure pour les Jeux », le rapporteur spécial Bruno Belin (Les Républicains) explique que « le coût total » des Jeux pour la gendarmerie en 2024 « est estimé de manière provisoire à 61 millions d’euros », dont la moitié en dépenses de personnel.
À l’occasion des Jeux, la gendarmerie « pourrait déployer entre 12 000 et 14 000 gendarmes sur la seule plaque parisienne », détaille, pour sa part, le député (Mouvement démocrate) Jean-Pierre Cubertafon, rapporteur pour avis au nom de la commission de la défense de l’Assemblée nationale.
Impossible de dire si les moyens seront suffisants
Dans son rapport, M. Belin relève que « des efforts ont été faits en termes de moyens de la gendarmerie et de la police nationales pour préparer les JOP ». Il pointe notamment « l’accroissement des effectifs » (création de 2 184 postes en 2024 au sein de la gendarmerie et de la police). Une partie de cette hausse devant, rappelle-t-il, « venir alimenter les nouvelles unités de force mobile, spécialisées dans le maintien de l’ordre et la sécurisation des grands événements », dont les JOP.
Le sénateur souligne aussi qu’il y aura une hausse des heures supplémentaires pour les policiers. « Pour un coût de 7 millions d’euros pour les CRS, à titre d’illustration », dit-il, ajoutant, par ailleurs, que gendarmerie et police ont prévu de renforcer leurs réserves opérationnelles respectives. « La gendarmerie espère mobiliser 40 000 réservistes à l’été 2024 » afin de disposer de « 5 000 réservistes par jour, contre 2 200 aujourd’hui », détaille le sénateur, selon qui le coût de cette mobilisation pour les JOP sera de 23 millions d’euros.
Pour autant, s’il salue des « hausses d’effectifs opportunes », M. Belin se déclare « pas certain, en l’état des informations disponibles, qu’elles soient suffisantes ». C’est notamment la perspective de voir les forces de sécurité intérieure être appelées en renfort pour pallier un manque d’effectifs dans la sécurité privée qui l’inquiète. « Le gouvernement, explique-t-il, n’a pas écarté l’hypothèse d’un recours à l’armée pour sécuriser » les sites olympiques, si jamais les entreprises ayant répondu aux appels d’offres du Comité d’organisation des Jeux (Cojop) n’étaient pas en mesure d’aligner les personnels en nombre suffisant.
En tout état de cause, si « les données disponibles » aujourd’hui n’offrent pas la possibilité d’« évaluer clairement le coût total des moyens » qui seront mis en place par les forces de sécurité intérieure à l’occasion des Jeux, elles « ne permettent pas » non plus de juger de « leur caractère suffisant ou non », selon M. Belin. Qui prévient : « Il est en tout cas certain que la tension sur les effectifs sera très forte et que les moyens matériels seront mis à rude épreuve. »
Notre sélection d’articles sur les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024
Retrouvez tous nos contenus sur les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 :
- La question de la présence des athlètes russes et biélorusses
Le Comité international paralympique change de ligne et ouvre la porte aux sportifs russes
Le gouvernement appuie sur l’accélérateur pour combler les retards d’accessibilité
Rendre la pratique physique et sportive accessible à tous avec le programme « Club inclusif »
Paris 2024 : le recours à l’armée pour assurer la sécurité des sites a été prévu dès 2019
L’organisateur des Jeux pioche dans ses réserves pour assurer l’équilibre de son budget
Ce que l’Etat et les collectivités financent pour les Jeux olympiques et paralympiques
- La préparation des athlètes françaises et français
A Saint-Malo, l’athlétisme français se mobilise dans la dernière ligne droite olympique
Bercy anticipe 138 médaillés olympiques et paralympiques
Rendre la Seine baignable d’ici à 2024, l’immense pari à relever avant les JO de Paris
Les JO mobiliseront 181 000 emplois, mais encore faut-il arriver à les pourvoir
- La Seine-Saint-Denis et les Jeux
La Seine-Saint-Denis, au cœur du marathon paralympique et du paracyclisme
« Je sens que je vais voir beaucoup de choses que je n’ai jamais vues, même depuis la rue »
- Les enquêtes judiciaires en cours
Jeux d’hiver 2030 et 2034 : un cadre de Paris 2024 visé par une plainte
A un an des JO, le spectre des affaires plane sur Paris 2024
- Le relais de la flamme olympique
Sur fond de tensions sociales, le parcours parisien du relais de la flamme dévoilé
- Les enjeux environnementaux
Les taxis volants des JO jugés trop bruyants et trop gourmands par l’Autorité environnementale
Le difficile pari de JO « écolos »
- Les enjeux sociétaux que les Jeux mettent en exergue
Le gouvernement va financer la création de 5 000 terrains de sport supplémentaires d’ici à fin 2026
A Paris, le déplacement des bouquinistes suspendu à des « tests »
Les JO de Paris 2024 accélèrent la transformation du Nord-Est parisien
- Les Jeux, ce n’est pas seulement Paris et la Seine-Saint-Denis
Les collectivités en quête d’une part de l’« effet JO » avec les centres de préparation aux Jeux
« Ils venaient voir des meumeus, ils auront vu des athlètes », la Foire de Verdun à l’heure des Jeux