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Un apéro avec Park Ji-min : « On fait toujours des rencontres dans les PMU »

Park Ji-min, dans le bar-tabac La Gitane (Paris 19e), le 27 octobre.

Sur les hauteurs de la capitale, à la sortie du métro Jourdain, le bar-tabac La Gitane ressemble à n’importe quel petit café de titis parisiens, avec trois, quatre tables alignées le long d’un mur. Mais, si on emprunte le large escalier circulaire, le lieu prend des airs de fête : un garde-corps ouvragé fait valser des formes géométriques sous des spots de music-hall et de la Bakélite habille les murs du premier étage. Deux enseignes au néon – carotte de tabac et ticket de métro – éclairent notre invitée à travers une grande baie vitrée.

La nuit, c’est sans doute ce qui pourrait le mieux définir Park Ji-min, artiste plasticienne et actrice sud-coréenne de 35 ans, vivant à Paris. D’abord, parce qu’elle a fait ses débuts au cinéma dans le film crépusculaire Retour à Séoul, de Davy Chou (2022). Son personnage, Freddie, vogue dans une nuit envoûtante à la recherche de ses origines, laissant aller sa colère et sa mélancolie dans les rues et les clubs phosphorescents d’après minuit pour se faire à l’idée que quelque chose lui manquera toujours. Et puis parce que Park Ji-min a longtemps fréquenté les meilleures soirées queer de Paris : Flash Cocotte, Trou aux biches… « C’était safe », dit-elle.

Backrooms berlinois

Pendant sa dernière année d’études à L’Ecole nationale supérieure des arts décoratifs de Paris (Ensad), elle s’offre même tous les week-ends un aller-retour pour Berlin pour danser au Berghain, la Mecque de la techno. Elle s’y rend en jogging, chaussée de baskets, pour s’exténuer, parfois vingt-trois heures de suite. Du vrai sport. « C’est comme si on était en enfer, mais c’était le paradis », formule-t-elle. Chaque semaine, elle y retrouvait une communauté de danseurs, autodidactes comme elle, se faufilait dans les backrooms et glissait de monde en monde au gré des coursives sous des plafonds gigantesques. « Je ne bois plus d’alcool depuis six ans. Cela faisait ressortir ma violence… Des bagarres ont mal tourné », dit-elle dans un sourire, d’une voix feutrée qui donne l’impression qu’elle est désormais en perpétuelle quête de douceur. Elle commande de l’eau chaude pour prolonger son thé vert.

Assagie, elle se dépense au travail. C’est bientôt sa dernière journée sur le tournage de La Maison, série française d’Apple TV+ sur le milieu de la haute couture, avec une flopée de célébrités, Carole Bouquet, Lambert Wilson, Amira Casar, Zita Hanrot, Anne Consigny, Florence Loiret-Caille. « Actrice, pourquoi pas ? Pas de plan de carrière. » Elle vient d’exposer à Swab Barcelona Art Fair, au festival Sillon dans la Drôme, et s’apprête à partir en résidence à Bruxelles pour créer les décors d’une jeune performeuse, Agathe Meziani. Inspirée par sa double culture franco-coréenne, elle crée de grandes œuvres abstraites dans son atelier de L’Ile-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) et monte des vidéos à partir de son interminable collection d’images. Elle nous montre… Un nuage rouge et jaune : « Un dragon, non ? » Une flaque d’eau sur le trottoir : « Un beau caniche ? » Une peluche Pokémon reprisée : « Un Pikachu trash ? »

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