Close

Olivier Marleix saisit la CNIL contre Gérald Darmanin pour avoir « fiché » des députés LR

Le président du groupe LR, Olivier Marleix, prend la parole lors de la séance des questions au gouvernement, à l’Assemblée nationale, à Paris, le 17 octobre 2023.

Entre la droite et Gérald Darmanin, les rapports sont plus tendus que jamais avant l’arrivée, lundi 6 novembre au Sénat, du projet de loi sur l’immigration. Le président du groupe Les Républicains (LR) à l’Assemblée nationale, Olivier Marleix, a saisi la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL), mardi 31 octobre, pour solliciter une enquête à l’encontre du ministre de l’intérieur. L’ancien membre de LR est accusé par le président de groupe de « collecter des données » sur les élus de droite qui, comme Olivier Marleix, demandent des régularisations de travailleurs sans-papiers dans leur circonscription.

Mardi, lors du point presse de son groupe à l’Assemblée, Olivier Marleix avait assumé faire preuve d’« humanité » pour demander des régularisations de travailleurs sans-papiers dans « les cas les plus aberrants ». Au Monde, le 3 avril, il confiait être sollicité une vingtaine de fois par semaine à ce sujet. « Je demande un examen bienveillant, comme pour une famille d’Albanais dont le père avait un “métier en tension”. J’essaie d’être humain », justifiait-il à l’époque.

Pour l’élu d’Eure-et-Loir, cette démarche est possible avec le droit actuel. « On n’a pas besoin de l’article 3 [du projet de loi, prévoyant la régularisation de travailleurs sans-papiers dans les « métiers en tension »], assure-t-il. Mais, lorsque nous écrivons, nous écrivons aux préfets. Au nom de quoi est-ce que M. Darmanin demande aux préfets de collecter des informations ? Est-ce qu’on a retrouvé au ministère de l’intérieur la plus sombre tradition des fiches ? (…) Si ces faits sont avérés, c’est un délit », a-t-il dénoncé, mardi. Gérald Darmanin, lui, défend cet article 3 et n’hésite pas à souligner – comme lundi, sur BFM-TV – les contradictions de certains élus LR entre leur position publique et les demandes faites en privé auprès des préfets pour octroyer des régularisations.

« Il n’existe pas de fichier »

Dans la lettre envoyée à la présidente de la CNIL, Marie-Laure Denis, et consultée par Le Monde, Olivier Marleix s’indigne de propos d’élus de la majorité « qui qualifient la recension des demandes de députés de droite de “cartouche utile” pour négocier une future loi “immigration” avec la droite » et de « plusieurs témoignages de députés qui font état de demande de remontées d’informations auprès des préfectures par le cabinet du ministère de l’intérieur ».

Du côté de la Place Beauvau, on préfère ne pas trop s’attarder sur la démarche du patron des députés LR. « Non, il n’existe pas de fichier, c’est faux, assure-t-on dans l’entourage de M. Darmanin. Il est en revanche bien exact que les parlementaires de l’opposition demandent régulièrement des régularisations. » Les Républicains, eux, brandissent la menace de déposer une motion de censure si le gouvernement faisait passer cette loi “immigration” par le biais de l’article 49.3, pour le faire adopter sans vote. Dans ce cadre, la saisie de la CNIL est aussi là pour montrer l’inflexibilité de la droite, alors que M. Darmanin se dit toujours optimiste pour trouver une voie de passage avec elle sur ce texte, au Sénat pour commencer, où elle est majoritaire avec son allié centriste, dès lundi 6 novembre.

source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 Comments
scroll to top