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« La myopie des enfants n’est pas une fatalité, c’est un enjeu de santé publique sous-estimé »

Depuis plusieurs années, de nombreux experts alertent sur l’épidémie mondiale de myopie qui ne cesse de gagner du terrain. En 2050, la moitié de l’humanité pourrait devenir myope si rien n’est fait pour en ralentir la progression. La France est loin d’être épargnée : 15 % de myopes en 1950, 40 % en 2020 et 60 % en 2050, d’après les projections parues dans la revue Ophthalmology, en 2016.

Longtemps attribuée à l’hérédité, qui ne compte en réalité que pour 10 % des cas, l’explosion de la myopie est surtout le résultat de nos modes de vie : 90 % des cas sont attribuables aux évolutions sociétales, notamment chez les enfants, adolescents et jeunes adultes : plus de temps en vision de près (écrans, allongement de la durée des études), moins de temps dehors (la lumière du jour est un facteur de protection établi), sommeil perturbé (une durée plus courte et une moins bonne qualité de repos).

La situation devient de plus en plus critique pour nos enfants : en France, un sur cinq souffre aujourd’hui de myopie, et 510 000 enfants de 6 à 15 ans auraient une myopie évolutive. En s’aggravant année après année, la myopie risque de devenir « forte » à l’âge adulte et d’entraîner des complications majeures à terme (décollement de rétine, cataracte…) pouvant, dans les cas les plus graves, aller jusqu’à la cécité. Car la myopie n’est pas qu’un simple défaut de vision, c’est une maladie à part entière qui, en l’absence de prise en charge adaptée, peut entraîner un lourd handicap et un coût non négligeable pour la société.

Des traitements coûteux

Selon l’International Myopia Institute, la perte de productivité potentielle liée à la myopie en 2015 représenterait un coût de 250 milliards de dollars (plus de 235 milliards d’euros). Par ailleurs, une forte myopie génère des coûts élevés en raison du prix des équipements optiques et des complications potentielles pouvant nécessiter des interventions et des traitements coûteux. Enfin, il ne faut pas oublier qu’une myopie importante est un handicap au quotidien pour la personne atteinte, altérant souvent l’estime de soi et les projets professionnels.

Si la moitié des Français perçoit la myopie comme une fatalité (selon le « baromètre de la myopie en France », réalisé en juillet 2023 par Ipsos pour l’Institut d’éducation médicale et de prévention auprès d’un échantillon de 3 500 Français de 18 ans et plus), il existe pourtant trois modalités d’actions efficaces pour en limiter la progression.

Prévenir la myopie de nos enfants est possible en les incitant à adopter des réflexes simples dès leur plus jeune âge : passer au moins deux heures par jour au-dehors à la lumière du jour ; limiter le temps consacré aux activités de près (écrans notamment) ; avoir un éclairage suffisant pour lire et garder une distance d’au moins 30 centimètres avec son livre ou l’écran, en faisant également des pauses régulières de vingt secondes toutes les vingt minutes en regardant au loin ; et enfin se coucher tôt et dormir suffisamment.

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