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Ecriture inclusive : le Sénat veut l’interdire pour « protéger la langue française »

Au Sénat, à Paris, le 2 octobre 2023.

Sénateurs, sénatrices, mais surtout pas sénateur·ice·s. Encadrer les « dérives de l’écriture dite inclusive », c’était l’objet de la proposition de loi examinée au Sénat, lundi 30 octobre. Le débat semble avoir suscité l’intérêt d’Emmanuel Macron, qui y a fait allusion quelques heures plus tôt, lors de son discours d’inauguration de la Cité internationale de la langue française à Villers-Cotterêts (Aisne). « Dans cette langue, le masculin fait le neutre. On n’a pas besoin d’y ajouter des points au milieu des mots ou des tirets », a déclaré le président de la République, qui a invité à « ne pas céder aux airs du temps ».

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Pascale Gruny, sénateur – elle refuse le terme de sénatrice – Les Républicains (LR) de l’Aisne, à l’origine du texte, va plus loin. Selon elle, l’Académie française ne s’est pas trompée en voyant un « péril mortel » dans ces dispositifs lexicaux et typographiques, qui visent à mettre en avant les graphies féminines au lieu du masculin générique. En cause, un risque de rendre la langue moins accessible aux personnes souffrant d’illettrisme ou de handicap. Mais également la contestation d’une « idéologie qui met en péril la clarté de notre langue ».

Pour l’opposition socialiste et écologiste au Sénat, il s’agirait d’une croisade morale et idéologique qui tairait son nom. « C’est la neuvième proposition de loi en ce sens depuis 2018, rappelle Yan Chantrel, sénateur socialiste représentant les Français établis hors de France. Ça paraît anodin, mais ça ne l’est pas. C’est une attaque du camp conservateur contre la féminisation des noms, et, par là, de l’égalité hommes-femmes. »

Le point médian dans le viseur

Si l’écriture inclusive est soutenue depuis 2015 par le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes – une organisation consultative indépendante chargée d’orienter la politique du gouvernement –, son efficacité réelle laisse sceptiques certains membres de la majorité sénatoriale. « Pourtant, on sait que les femmes sont plus enclines à postuler à des offres d’emploi quand l’annonce est rédigée en écriture inclusive, met en avant Mathilde Ollivier, sénatrice écologiste représentant les Français établis hors de France. Nous sommes pour l’écriture inclusive, pas par dogmatisme, mais car elle est indispensable à l’inclusion », tranche-t-elle, en rappelant qu’il n’y a « aucune étude » qui lie l’écriture inclusive à des difficultés supplémentaires pour les dyslexiques.

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Il n’est pas question de s’attaquer à la féminisation des noms de métiers, affirme le sénateur LR de Savoie Cédric Vial, le rapporteur. « Il ne s’agit pas d’interdire l’écriture inclusive mais d’en protéger la langue française » en se garantissant « de certains abus et dérives ». Les termes épicènes – dont la forme ne varie pas selon le genre – et la double flexion – le fait de décliner à la fois les mots au féminin et au masculin – ne « posent pas de difficulté », estime-t-il. C’est avant tout le point médian qui est visé, et les néologismes comme « iel » (une contraction de « il » et « elle »), « celleux » ou « toustes ».

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