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Les économistes sous-estiment le risque climatique, selon Finance Watch

Incendie provoqué par une sécheresse prolongée dans la région de Semarang, au centre de l’île de Java (Indonésie), le 28 octobre 2023.

Certains sont à côté de la plaque. Trop souvent encore, les économistes sont incapables d’évaluer à sa juste ampleur l’incidence chiffrée du réchauffement climatique pour nos sociétés. Pire, ils la sous-estiment trop systématiquement. Tel est le constat sans concession dressé par le nouveau rapport, publié mardi 31 octobre par Finance Watch, « Finance in a hot house world » (« La finance dans un monde brûlant »).

« Il existe un grave décalage entre la recherche sur le climat et les modèles qui façonnent les politiques économiques », dénonce cette organisation non gouvernementale (ONG) qui, depuis 2011, cherche à faire contrepoids au lobby de l’industrie financière. Les auteurs insistent : « Les estimations actuelles des répercussions du changement climatique sur l’économie et la finance donnent une image étonnamment bénigne de la situation. »

Le rapport cite, par exemple, les travaux de Network for Greening the Financial System, le réseau d’une centaine de banques centrales et superviseurs qui, depuis 2017, travaillent au verdissement de la finance, à l’initiative de la Banque de France. Selon ceux-ci, une hausse de 3,5 °C de la température moyenne d’ici à la fin du siècle ferait chuter la production mondiale de 7 % à 14 % seulement. Le Conseil de stabilité financière, une institution internationale chargée de surveiller et d’émettre des recommandations pour solidifier le système financier mondial, évalue, quant à lui, qu’une hausse de 4 °C ferait chuter la valeur des actifs de 3 % à 10 %.

« Adapter nos modèles économiques »

Des estimations que l’ONG qualifie de « peu réalistes » et de bien trop basses. Motif : les économistes modélisent les risques climatiques comme ils le font pour les risques financiers traditionnels, et ils ont tort, juge-t-elle. Car, ce faisant, ils ignorent « l’imprévisibilité, la permanence et l’ampleur des pertes dues au changement climatique », tout comme les points de bascule, tel que celui lié à la fonte du pergélisol.

Or, en sous-estimant ces risques, ils encouragent les dirigeants politiques à l’inaction. « Nous devons adapter nos modèles économiques pour éviter qu’ils ne compromettent nos efforts d’atténuation des changements climatiques et d’adaptation », explique Thierry Philipponnat, économiste en chef de Finance Watch.

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Le rapport propose ensuite une série d’outils concrets et techniques, quelque peu difficiles à suivre pour les non-initiés. Tous ont pour objectif de contraindre la sphère financière à accélérer plus franchement son verdissement et à mieux prendre en compte la réalité des risques à venir. Les régulateurs pourraient, par exemple, augmenter le niveau de fonds propres exigé aux banques qui financent trop largement les énergies fossiles. « De tels mécanismes financiers pourraient nous permettre de limiter le réchauffement aux niveaux dangereux de 1,5 °C-2 °C plutôt qu’aux niveaux catastrophiques de 3 °C- 4 °C », juge l’économiste Steve Keen, chercheur émérite à l’University College London, cité par l’ONG.

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