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« Les délais de prise en charge des mineurs transgenres ne vont pas dans le bon sens »

Entre 1,2 % et 2,7 % des enfants et des adolescents se déclarent transgenres, selon l’Association professionnelle mondiale pour la santé des personnes transgenres (WPATH). Chrystelle Lagrange est psychologue clinicienne en libéral, ainsi qu’au centre médico-psycho-pédagogique (CMPP) Pichon-Rivière de Paris – membre de la fondation Olga-Spitzer –, où elle reçoit de nombreux mineurs trans au sein d’une consultation spécifique, financée par l’agence régionale de santé d’Ile-de-France.

Elle est également l’autrice principale d’un article reprenant les données cliniques de la consultation spécialisée pour mineurs trans de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris), depuis son ouverture en 2012 jusqu’à fin 2020, publié début septembre, dans la revue Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence. La chercheuse alerte sur la nécessité de renforcer l’accompagnement de ces jeunes.

Que sait-on de l’état de santé mentale des mineurs trans ?

Sur les 239 personnes incluses dans la cohorte de l’article concernant la consultation de la Pitié-Salpêtrière – âgées de 3 ans à 20 ans, avec un premier rendez-vous situé, en moyenne, vers 14 ans et demi –, 24 % ont fait une tentative de suicide, 28 % ont des antécédents d’hospitalisation en psychiatrie et 38 % rapportent avoir été victimes de harcèlement, principalement à l’école, en amont de leur prise en charge. La cohorte est certes petite, mais ces chiffres sont corroborés par la littérature internationale, notamment aux Pays-Bas et au Canada, des pays qui ont entre dix et vingt ans de recul sur la prise en charge de mineurs trans.

C’est aussi congruent avec ce que j’observe du point de vue clinique dans mes consultations. Certains adolescents ont des cooccurrences psychiatriques – troubles dépressifs, anxieux ou sociaux, schizophrénie. Pour d’autres, ces troubles arrivent par la transidentité, dus à l’ostracisme et au rejet de ces jeunes. Un tiers environ sont en décrochage scolaire. Mais on est loin du fantasme qui traîne selon lequel les personnes trans seraient psychotiques, hérité de la psychiatrisation de la transidentité.

Quels facteurs améliorent leur état de santé mentale ?

La transition hormonale – qu’il s’agisse d’œstrogène, de testostérone ou de bloqueurs de puberté – et la transition sociale – en changeant de prénom par exemple – demeurent fondamentales, tout comme l’acceptation et le soutien de l’entourage social et familial.

La transition pacifie le rapport du jeune à son corps et induit une resocialisation. Il en résulte une baisse de l’anxiété sociale et des troubles dépressifs. Contrairement à ce qu’on peut entendre, les adolescents sont assez mesurés dans ce qu’ils décrivent : la prise d’hormones aide mais n’est pas miraculeuse. Cela prend du temps, en cas de dépression par exemple, de se remettre dans le circuit.

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