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La situation périlleuse d’Altice ou les limites de la méthode Drahi

« La dette, c’est un zéro sujet. » Le 17 octobre, devant les représentants du personnel d’Altice France (SFR, BFM-TV), à qui il parle pour la première fois depuis l’arrestation, le 13 juillet, de son associé historique, Armando Pereira, pour des faits présumés de corruption, Patrick Drahi dédramatise : ce ne sont pas les quelque 24 milliards d’euros de dette portés par sa société qui vont hanter ses nuits.

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Agé de 60 ans, l’homme d’affaires a appris à jongler avec les crédits bancaires depuis qu’il s’est lancé dans les affaires, au milieu des années 1990. Il a vu de près le vertige de la chute, comme en 2007, lorsque sa société de l’époque, Numericable, croulait sous 3 milliards d’euros de dette pour seulement 1 milliard de chiffre d’affaires. Mais M. Drahi n’est jamais tombé, trouvant à chaque fois l’acrobatie financière qui lui permettait de reprendre l’équilibre.

Jusqu’il y a encore quelques mois, le calme de M. Drahi s’entendait. Après la crise financière de 2008, afin de relancer l’économie, les grandes banques centrales n’ont eu de cesse de baisser les taux d’intérêt, au point, notamment dans la zone euro, de les rendre négatifs. Et comme cela ne suffisait pas, elles sont même allées jusqu’à acheter la dette émise par des Etats ou des entreprises pour les soulager. Comme si, au moment de l’achat de son appartement, un ménage voyait la Banque centrale européenne racheter une partie de son crédit.

Pas de remboursement à court terme

M. Drahi a profité de ce confort pour faire ses affaires, selon le modèle classique du rachat avec effet de levier (leveraged buy-out, LBO) développé par les fonds d’investissement : acheter une entreprise avec le maximum de crédit et utiliser ses bénéfices pour payer les intérêts de la dette. C’est grâce à cet argent bon marché que l’homme d’affaires est parvenu à racheter SFR à Vivendi en 2014 pour 13,5 milliards d’euros, 100 % à crédit.

Un coup d’éclat que l’opérateur paie aujourd’hui. L’environnement a changé. Avec le retour de l’inflation, les banques centrales ont relevé leurs taux pour ralentir l’activité économique et faire retomber la surchauffe des prix. Conséquence, l’argent coûte de plus en plus cher. M. Drahi l’a constaté récemment. Altice International, la filiale pourtant la mieux portante de son empire, a emprunté 800 millions d’euros sur les marchés financiers, début octobre, à un taux de 10,5 %, afin de remplacer une ligne de crédit bientôt échue d’un prêt contracté en juillet 2020 et dont le taux n’était que de 2,25 %. Altice paie donc son argent quatre fois plus cher qu’il y a trois ans.

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