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Ecriture inclusive : Emmanuel Macron estime qu’« on n’a pas besoin d’ajouter des points au milieu des mots pour rendre la langue française lisible »

Emmanuel Macron lors de l’inauguration de la Cité internationale de la langue française à Villers-Cotterêts, le 30 octobre 2023.

Emmanuel Macron a appelé lundi 30 octobre à « ne pas céder aux airs du temps » s’agissant de la langue française, et à « garder aussi les fondements, les socles de sa grammaire, la force de sa syntaxe ». « Dans cette langue, le masculin fait le neutre. On n’a pas besoin d’y ajouter des points au milieu des mots, ou des tirets ou des choses pour la rendre lisible », a-t-il ajouté, assénant, lors d’un discours prononcé à l’occasion de l’inauguration de la Cité internationale de la langue française, à Villers-Cotterêts, que la langue française « forge la nation ».

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Le chef de l’Etat s’exprimait alors que l’interdiction de certains éléments de l’écriture inclusive fait l’objet d’une proposition de loi examinée au Sénat lundi soir. Le texte de la sénatrice Pascale Gruny (Les Républicains, LR) prévoit de bannir ces derniers « dans tous les cas où le législateur (et éventuellement le pouvoir réglementaire) exige un document en français ». Un large panel est visé : les modes d’emploi, les contrats de travail, les règlements intérieurs d’entreprises, mais aussi les actes juridiques, qui seraient alors considérés comme irrecevables ou nuls si la mesure venait à être appliquée.

Les sénateurs demandent l’interdiction des mots grammaticaux constituant des néologismes tels que « iel », contraction de « il » et « elle », et « celleux », contraction de « celles » et « ceux ». La proposition de loi prévoit aussi d’inscrire l’interdiction de ces éléments dans le code de l’éducation, alors que leur utilisation est déjà proscrite à l’école par une circulaire de l’ancien ministre de l’éducation nationale Jean-Michel Blanquer de 2021.

« Contraire à l’inclusion »

Pour Cédric Vial, rapporteur du texte rattaché au groupe LR, l’écriture inclusive constitue « une pratique qui est justement contraire à l’inclusion ». Il a ajouté auprès de l’Agence France-Presse (AFP) que « les plus impactés par son utilisation sont en effet les personnes en situation de handicap et d’illettrisme, ou atteintes de dyslexie. C’est une contrainte supplémentaire. Pour inclure, il faut au contraire simplifier la langue ».

Adopté et même renforcé en commission mercredi, le texte suscite l’indignation d’une partie de la gauche. « C’est un texte inconstitutionnel, rétrograde et réactionnaire, qui s’inscrit dans un courant conservateur de longue date de lutte contre la visibilisation des femmes », s’offusque le sénateur socialiste Yan Chantrel.

L’interdiction de certains éléments de l’écriture inclusive existe actuellement dans une circulaire de 2017 émanant de l’ex-premier ministre Edouard Philippe. Celle-ci « invitait » les ministres, « en particulier pour les textes destinés à être publiés au Journal officiel de la République française, à ne pas faire usage de l’écriture dite “inclusive” ».

La proposition de loi a de bonnes chances d’aboutir à une adoption compte tenu de la domination de la droite et du centre à la chambre haute. Rien n’assure cependant qu’elle sera reprise par l’Assemblée : une proposition similaire du Rassemblement national a en effet été retirée en cours d’examen en octobre alors qu’elle se dirigeait vers un rejet.

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Le Monde avec AFP

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