Close

Entre Amine El-Khatmi et le Rassemblement national, un flirt à mots couverts

Amine El-Khatmi face à Eric Zemmour, lors d’une soirée organisée par le média identitaire « Livre noir », à Paris, le 30 septembre 2023.

Amine El-Khatmi, l’ancienne figure de proue du Printemps républicain, pourrait-il rejoindre la liste de Jordan Bardella aux élections européennes de juin 2024 ? L’hypothèse a du plomb dans l’aile, une semaine après que l’hebdomadaire d’extrême droite Valeurs actuelles a fait état de la rumeur. Mais ce n’est que partie remise, veulent croire deux proches de Marine Le Pen, le vice-président de l’Assemblée nationale Sébastien Chenu et l’eurodéputé Philippe Olivier. Le basculement idéologique de l’ancien socialiste ne leur a pas échappé, lui qui se définit désormais comme « patriote », considère que « [son] pays est en danger » et peine à citer une mesure le dérangeant dans le programme du parti d’extrême droite.

Lire aussi l’éditorial du « Monde » : Elections européennes : l’extrême droite à l’offensive

« On ne m’a proposé aucune place », assure au Monde Amine El-Khatmi, qui dit n’avoir vu ni Jordan Bardella, ni Marine Le Pen. Il compte au RN « un ami de dix ans », l’attaché de presse Victor Chabert, rencontré lorsque tous deux émargeaient au Parti socialiste. La fréquentation assidue des médias du groupe Bolloré l’a aussi rapproché de Sébastien Chenu, « dont personne ne réussira à [lui] faire dire qu’il est d’extrême droite ».

Après son départ de la présidence du Printemps républicain, mouvement qu’il a fondé en 2016 avec des proches de l’ancien premier ministre Manuel Valls, les deux hommes de Marine Le Pen lui ont « fait savoir qu’ils seraient ravis de [l’]accueillir ». Il dit avoir préféré sa « liberté de parole ». « Je suis toutefois incapable de vous dire que dans cinq, dix ans, je ne serai pas quelque part », ajoute-t-il. Ce « quelque part » peut-il être le RN ? Il élude, en précisant qu’il ne rejoindrait pas Eric Zemmour.

Plusieurs lepénistes assurent pourtant que la discussion a été plus avancée. Mais l’idée supposait de lui réserver une place en position éligible sur la future liste des européennes. Trop cher payé, a considéré Jordan Bardella. « Il a l’âme militante et politique, donc les choses se feront peut-être plus tard, envisage Sébastien Chenu. Je pense par ailleurs qu’il subit des pressions, car le symbole serait important. »

Désir de vengeance

Amine El-Khatmi, né de parents marocains et musulman revendiqué pour les grands rites, serait un trophée pour le RN, historiquement perçu comme nationaliste et xénophobe. La preuve en chair et en os de l’entrée du parti de la préférence nationale dans un « arc républicain ». L’intéressé sait que « le symbole serait énorme pour eux : pas besoin d’être Alain Duhamel pour le comprendre ».

L’influent Philippe Olivier lorgne ces figures engagées, telle l’écrivaine Rachel Khan, qui déjeunait en 2021 au domicile de Marine Le Pen, à La Celle-Saint-Cloud (Yvelines). « Amine El-Khatmi est un profil très intéressant, de ces gens de la gauche républicaine et laïque qui ont vocation à nous rejoindre », dit le conseiller et beau-frère de Marine Le Pen, laquelle tente de s’approprier la laïcité, valeur historiquement de gauche, et de renouveler son discours identitaire en ferraillant contre le « wokisme ».

Il vous reste 55% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 Comments
scroll to top