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« En Afrique des initiatives “en communs” se déploient comme solutions lorsque le marché et les dispositifs publics sont insuffisants »

Les recherches de terrain menées sur le continent africain contribuent à rendre visibles des initiatives citoyennes multiples, pour certaines d’entre elles fort anciennes, et qui toutes portent en germe un modèle endogène de développement.

Le philosophe et historien camerounais Achille Mbembé faisait, il y a peu, le constat suivant : « face à l’enchevêtrement de crises [en Afrique de l’Ouest], la démocratie électorale n’apparaît plus comme un levier efficace des changements profonds auxquels aspirent les nouvelles générations », et il est nécessaire de « miser sur une démocratie substantive », adossée à « de nouvelles coalitions sociales, intellectuelles et culturelles » (Le Monde, 4 août 2023). Ces recherches viennent confirmer que cette « quête forcenée de modèles alternatifs de développement » qu’évoque Achille Mbembé est déjà largement en actes.

Suivant en cela une tradition ouverte par la lauréate du prix Nobel d’économie en 2009, la politiste Elinor Ostrom, ces initiatives peuvent être qualifiées comme des « communs », désignation choisie pour caractériser des entités ayant pour caractéristique de permettre d’administrer, à partir de formes de propriété et d’usages partagés, des biens et des ressources matérielles ou immatérielles, en toute autonomie.

Des coopératives en résistance aux processus de marchandisation

Ces communs ont ceci de particulier qu’ils permettent à un ensemble de personnes ou de communautés d’assurer tout ou partie de leurs besoins essentiels, tout en protégeant leur environnement, qu’il s’agisse de groupements paysans, de coopératives d’habitat, de lieux hybrides culturels ou de plates-formes numériques collaboratives.

Ces initiatives « en communs », variées et multiples, se déploient de manière privilégiée comme solutions palliatives lorsque tant le marché que les dispositifs d’intervention publique sont insuffisants ou absents. C’est le cas par exemple d’associations d’usagers de l’eau potable dans les quartiers périphériques de Kinshasa, ou encore des lieux hybrides culturels dans les agglomérations africaines.

Dans d’autres circonstances, on voit s’affirmer des formes coopératives en résistance aux processus d’individualisation et de marchandisation. Il s’agit par exemple de coopératives d’habitat, au Burkina Faso ou au Sénégal, qui permettent aux populations précaires et de la classe moyenne de sécuriser un logement dans des contextes de spéculation et d’individualisation de l’accès au foncier urbain.

Les communs africains, des structures originales et innovantes

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