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Chez Siemens Energy, les éoliennes sont en berne

Des éoliennes en construction à l’usine Siemens Gamesa de Cuxhaven, dans le nord-ouest de l’Allemagne, le 31 janvier 2023.

En plein Berlin, dans le quartier de Moabit, la Gasturbinenwerk (« usine de turbines à gaz ») est un imposant bâtiment de verre et de béton. Son style épuré frappe par sa modernité. Construit en 1909 par l’architecte Peter Behrens pour l’industriel AEG, le site a été l’un des tout premiers lieux de fabrication de turbines à gaz du monde. Aujourd’hui classé, il rappelle qu’avant d’être une métropole culturelle et technologique Berlin a été un haut lieu de l’industrialisation allemande, dès le XIXe siècle. Siemens y a fait ses premiers pas, en 1847.

Difficile de le croire de l’extérieur, la Gasturbinenwerk n’a jamais changé de fonction. Son propriétaire, aujourd’hui Siemens Energy, y fabrique toujours les fameuses turbines à gaz, désormais compatibles avec l’hydrogène. Dans les ateliers, on peut observer des ouvriers s’activer autour de ces immenses moyeux hérissés de pales de nickel, de titane et de céramique, quasi emblématiques de l’industriel allemand.

Actuellement en pleine renaissance, cette activité traditionnelle évite à Siemens Energy une crise encore plus dramatique qu’elle ne l’est déjà. Le groupe a essuyé une perte abyssale de 3 milliards d’euros entre avril et juin, due à des dysfonctionnements sur ses éoliennes terrestres. Pour l’exercice 2022-2023, clos le 30 septembre, cette perte pourrait atteindre le niveau historique de 4,5 milliards d’euros.

Ces déboires sont d’autant plus douloureux qu’ils sont liés à ce qui devait être l’avenir du groupe, l’éolien. Siemens Energy est né il y a trois ans de la séparation d’avec Siemens, avec l’ambition d’être le « couteau suisse » des solutions énergétiques, combinant des activités traditionnelles liées aux fossiles avec un puissant pôle éolien, promis à un grand avenir.

Désastre industriel et financier

La promesse s’est fracassée sur le mur des pannes en série sur des turbines à vent. Fin juin, le groupe a publié un communiqué dans lequel il reconnaissait des problèmes de qualité sur des éoliennes terrestres déjà installées. L’annonce avait fait chuter le cours de près de 40 %. En août, la direction a pu donner une première évaluation des dommages : le remplacement de composants tels que les engrenages et les pales de turbines devrait coûter 1,6 milliard d’euros. A cela s’ajoutent 600 millions d’euros supplémentaires de perte de chiffre d’affaires, car la production d’éoliennes en mer cale.

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L’évaluation financière du groupe a été dégradée par les agences de notation. Pour Siemens Energy, c’est un désastre industriel et financier : l’entreprise a perdu les deux tiers de sa valeur depuis son introduction en Bourse, en 2020. Et la descente aux enfers n’est pas terminée. Jeudi 26 octobre au matin, le cours a de nouveau dévissé de plus de 39 %, après que la société a confirmé des informations de la presse selon lesquelles elle a demandé l’aide de l’Etat allemand pour pouvoir continuer à accepter des commandes.

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