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A Mont-Saint-Martin, la ténacité d’un maire après les émeutes urbaines : « La République ne recule pas »

Serge De Carli, maire de la commune de Mont-Saint-Martin (Meurthe-et-Moselle) et président de l’agglomération du Grand-Longwy, à Longwy, le 29 août 2023.

Pour Serge De Carli, il y a un « avant » et un « après » les émeutes urbaines de l’été. Sa ville de Mont-Saint-Martin (Meurthe-et-Moselle), 9 000 habitants, située aux confins de la France, de la Belgique et du Luxembourg, a été l’une des plus touchées du département : neuf bâtiments endommagés, 70 voitures brûlées et un jeune homme de 25 ans dans le coma après un tir du RAID – une enquête est en cours.

Alors qu’Elisabeth Borne doit présenter, jeudi 26 octobre, le plan du gouvernement en réponse aux violences qui ont enflammé le pays du 27 juin au 7 juillet, après qu’un adolescent a été tué par un policier lors d’un contrôle routier à Nanterre, le maire communiste de Mont-Saint-Martin, lui, n’a toujours pas tourné la page : « On n’en est pas remis. Je ne suis pas le même qu’il y a quatre mois. »

C’est « une grande claque », révèle l’élu, traumatisé : « Quarante ans d’engagement personnel au service des autres » percutés d’un coup par « une violence irrationnelle, inqualifiable ». M. De Carli n’est toujours pas revenu de ce qu’ont enregistré les caméras de vidéosurveillance installées près du service d’éducation spéciale et de soins à domicile (Sessad). Il raconte, encore médusé : trois jeunes encagoulés sont assis sur un banc, en face du Sessad. Soudain, l’un d’eux se lève, escalade la grille et met le feu à l’un des bâtiments abritant les équipes qui interviennent auprès des familles confrontées à l’autisme. Puis il ressort et retourne s’asseoir avec les deux autres, pour regarder l’incendie se propager. Le maire ignore toujours s’ils ont été interpellés.

Travaux de réfection

Ce n’est pas tout. Un soir, l’hôtel de ville a été pris d’assaut par « une quarantaine de jeunes », selon le maire. Les portes vitrées n’ont pas résisté longtemps aux barres de fer. « Ils sont allés partout dans les étages, jusque dans mon bureau », raconte-t-il. Tout a été saccagé, renversé, brûlé. Il s’en fallait de peu que le bâtiment entier ne parte en fumée.

Serge De Carli lui-même a dû fuir précipitamment. Des habitants de la cité du Val-Saint-Martin l’ont appelé pour le mettre en garde contre une rumeur qui l’accusait d’avoir sollicité l’intervention controversée du RAID, ce qu’il dément. « Monsieur le maire, l’a-t-on averti, on vous aime bien. Il faut que, ce soir, vous quittiez votre domicile. » Les autorités lui ont conseillé d’aller s’installer plusieurs jours dans un hôtel, au Luxembourg. Mais il n’a pas voulu s’éloigner plus d’une nuit.

Car pour cet édile de 63 ans, arrière-petit-fils de réfugié italien fuyant le fascisme, la République est sacrée. « Mon arrière-grand-père a trouvé asile dans une belle République. Alors, on ne touche pas à la République. » Lorsque la responsable du centre social incendié lui a dit vouloir partir, il a répondu : « Ah ben, vous allez avoir un problème, parce que le maire veut que vous restiez là… La République ne recule pas. Dans ces quartiers, il faut du service public, et c’est mon boulot. »

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