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Sur le Proche-Orient, à droite, la silencieuse évolution de la ligne politique, en rupture avec la tradition gaulliste

Le député LR Eric Ciotti quitte l’Hémicycle, lors de la séance des questions au gouvernement, à l’Assemblée nationale, à Paris, le 17 octobre 2023.

La droite d’aujourd’hui au miroir de la droite d’hier. A quelques jours d’intervalle, sur la même antenne, deux figures du parti Les Républicains (LR), Eric Ciotti et Dominique de Villepin, ont exposé des visions radicalement différentes du conflit au Proche-Orient, revenu au cœur de l’actualité depuis l’attaque sanglante du Hamas contre Israël, le 7 octobre. Tout juste rentré d’un déplacement à Tel-Aviv qui l’a bouleversé, le président de LR a fait part, mercredi 25 octobre sur France Inter, de son soutien sans condition à l’Etat hébreu, quel que soit le prix de la riposte. « Il y a le droit international humanitaire, mais il y a aussi un droit international à combattre le terrorisme », a insisté Eric Ciotti.

Quand d’autres – à l’instar du premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure – appellent à la paix et à renouer avec la position traditionnelle de la France, portée par de Gaulle, Chirac et Mitterrand, le chef de la droite a approuvé l’idée suggérée par Emmanuel Macron d’une coalition internationale pour lutter contre le Hamas. Pour Eric Ciotti, il ne s’agit pas ici d’un « conflit territorial » mais d’une guerre de « civilisations » entre l’Occident et les démocraties, d’un côté, l’islamisme et le terrorisme, de l’autre. « Le Hamas, c’est Daech [l’organisation Etat islamique]. C’est ce que nous avons subi au Bataclan, à Nice. Ce sont les mêmes auteurs, les mêmes ferments », a-t-il martelé, ajoutant que « ce sont les mêmes qui ont assassiné Dominique Bernard [à Arras, le 13 octobre] ».

Toujours sur France Inter, le député des Alpes-Maritimes a refusé d’appeler à l’arrêt de la colonisation en Cisjordanie. Et s’est prononcé en faveur de l’arrêt des aides européennes à Gaza, au motif que celles-ci pouvaient être détournées par le Hamas. Une position jugée sévèrement par Dominique de Villepin, invité quinze jours plus tôt. L’ancien ministre des affaires étrangères de Jacques Chirac a reproché entre les lignes à ses anciens amis de LR de passer la question palestinienne par pertes et profits, au nom du droit inaliénable d’Israël à assurer sa sécurité. « Il ne faut ni renvoyer dos à dos l’agresseur et l’agressé, ni ignorer la réalité et la complexité de ces sujets », a-t-il noté, faisant valoir que « le droit à la légitime défense n’est pas un droit à une vengeance indiscriminée » et que « le Hamas, ce n’est pas le peuple palestinien ».

« Tolérance zéro »

Mais Dominique de Villepin est désormais une voix ultraminoritaire à droite. La ligne de l’UMP, devenue LR, a évolué au fil du temps, rompant de plus en plus avec la doctrine chiraco-villepiniste, héritée du gaullisme, centrée sur une solution à deux Etats, une voix autonome de la France et une capacité à parler avec tout le monde. « Ce qu’on appelait “la politique arabe de la France” au temps de Jacques Chirac appartient, pour la droite d’aujourd’hui, à un passé révolu », confirme sans fard l’ancien député LR Guillaume Larrivé, selon lequel le parti d’Eric Ciotti « ne tient pas à égale distance Israël et les revendications palestiniennes ».

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