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Avec la guerre, l’économie d’Israël s’apprête à traverser une période de fortes turbulences

Sur le front de mer de Tel-Aviv, le grand chantier de l’hôtel de luxe Mandarin Oriental est à l’arrêt. Grues et échafaudages sont désertés. La plupart des projets en cours de construction semblent ainsi paralysés en Israël.

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Depuis le 7 octobre, les quelque 140 000 Palestiniens de Cisjordanie détenteurs d’un permis de travail, qui travaillaient majoritairement dans le BTP, sont interdits de séjour dans le pays. Dans les grandes villes, un tiers des restaurants n’a pas rouvert, faute d’employés et parfois même de clients, alors que les attentats terroristes menés par le Hamas pèsent sur la consommation d’une société traumatisée. Certes, grâce à la formidable résilience de la société israélienne, des milliers des volontaires arrivent désormais des villes dans les champs pour suppléer au manque d’ouvriers pour la cueillette de fruits dont la saison commence. Partout fleurissent des groupes WhatsApp pour envoyer des bénévoles dans les hôpitaux ou les supermarchés, mais personne ne sait combien de temps cet élan de solidarité pourra durer. Cent soixante mille personnes ont été déplacées. Comment l’économie pourrait-elle ne pas en souffrir ?

Les entreprises de haute technologie, dont le pays est si fier, ont vu leurs effectifs de « geeks » et de cadres qualifiés fondre de 10 % à 15 %, alors que près de 360 000 réservistes ont été mobilisés par l’armée, soit l’équivalent de 10 % de la population active. Combien de ces start-up, dans un secteur qui contribue à 18 % du produit intérieur brut (PIB) du pays, vont-elles survivre ? « Toutes les levées de fonds sont gelées et le secteur est clairement en crise », observe Frédéric Samama, un investisseur français installé à Tel-Aviv.

Un bar fermé à Tel-Aviv (Israël), le 23 octobre 2023.

Certes, les difficultés avaient commencé bien avant l’attaque du Hamas, puisque la tech mondiale a vu ses levées de fonds réduites de trois quarts sur un an, à seulement 873 millions de dollars (829 millions d’euros) au deuxième trimestre. Mais la mobilisation dans l’armée de nombreux employés de ce secteur, souvent, pour les plus jeunes, experts en cybersécurité et en intelligence artificielle, mine l’activité. Entre 20 % et 30 % de leurs effectifs se retrouvent sur le front, selon M. Samama.

« J’ai un chef de projet qui travaille dans le renseignement, un développeur qui pilote des drones, un chef de projet qui est maintenant dans l’artillerie, témoigne Ami Daniel, patron de Windward, une start-up spécialisée dans l’analyse du transport maritime, donc, on travaille plus et on dort moins. » Avec 60 % de ses effectifs en Israël, et les autres en Ukraine, en Inde, aux Etats-Unis et en Europe, Windward a toutefois la chance d’être « suffisamment internationalisée pour faire face à la situation », reconnaît le dirigeant.

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