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"Israël ne doit pas tomber dans le piège du Hamas", déclare Élisabeth Borne

À la veille d’une visite d’Emmanuel Macron à Tel-Aviv, le gouvernement doit venir éclaircir lundi sa position d’équilibriste sur le Proche-Orient devant les députés. Le débat s’annonce animé, alors que la présidente de l’Assemblée Nationale, Yaël Braun-Pivet, revient d’un déplacement controversé en Israël. À l’Assemblée nationale, la Première ministre, Élisabeth Borne, a déclaré que la France appelle Israël à une « réponse juste » face au « terrorisme » du Hamas.

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Discussion à haut risque sur la situation au Proche-Orient lundi 23 octobre à l’Assemblée nationale. Ce débat sans vote, organisé au titre de l’article 50-1 de la Constitution, a démarré à 16 h avec une déclaration de la Première ministre.

Élisabeth Borne a appelé Israël à « ne pas tomber dans le piège du Hamas » et à fournir une « réponse juste » face au « terrorisme » après les attaques du 7 octobre, devant les députés, ajoutant que la France était l' »amie » d’Israël et des Palestiniens.

« Minimiser, justifier voire absoudre le terrorisme, c’est accepter qu’il frappe à nouveau demain, en Israël, en France ou partout ailleurs. Nous ne devons faire preuve d’aucune ambiguïté face à de tels crimes », a par ailleurs déclaré la Première ministre.

La France appelle à une « trêve humanitaire » pour permettre la distribution d’aide dans la bande de Gaza, qui « pourra mener un cessez-le-feu », a ajouté Élisabeth Borne devant l’Assemblée nationale.

« L’ouverture au point de passage de Rafah est encore très limitée. Nous appelons à ce que la porte de Rafah soit ouverte pour permettre de nouveaux passages » d’aide. « La distribution d’aide exige une trêve humanitaire qui pourra mener à un cessez-le feu », a-t-elle dit. 

Élisabeth Borne a également annoncé que plus de 300 personnes avaient été arrêtées en France pour des « actes ou menaces antisémites » depuis l’attaque du Hamas contre Israël. « Depuis le 7 octobre, plus de 300 personnes ont été arrêtées pour des actes ou menaces antisémites », a indiqué la Première ministre en conclusion de ce débat, qui était consacré à la situation internationale.

« La plateforme Pharos qui recueille et traite les signalements de contenus haineux en ligne a reçu plus de 4 000 alertes. Plus de 300 ont été transmises à la justice afin que les auteurs soient retrouvés et sanctionnés », a par ailleurs ajouté Élisabeth Borne.

Soutien à Yaël Braun-Pivet

Le débat se tient au lendemain d’un déplacement en Israël de la présidente de l’Assemblée Yaël Braun-Pivet, en compagnie du patron de LR Éric Ciotti, au cours duquel elle a affirmé que le France soutenait « pleinement » Israël et que rien ne devait « empêcher » le pays « de se défendre » dans la guerre qui l’oppose au Hamas.

La cheffe du gouvernement a également affirmé son « soutien et celui de (son) gouvernement » à la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, après les accusations du chef de file de la France insoumise (LFI) Jean-Luc Mélenchon à son encontre.

Ce dernier a accusé Yaël Braun-Pivet de « camper à Tel-Aviv pour encourager le massacre » à Gaza. « Pas au nom du peuple français ! », a protesté le leader de La France Insoumise sur le réseau social X, en postant une vidéo de la manifestation parisienne.

Le chef de file de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon, le 25 août 2023 à Châteauneuf-sur-Isère, dans le sud-est de la France.
Le chef de file de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon, le 25 août 2023 à Châteauneuf-sur-Isère, dans le sud-est de la France. © Jeff Pachoud/ AFP/Archives

Une attaque condamnée à son tour par de nombreux élus, de la majorité, de LR, du RN et jusqu’au PS, où la députée Valérie Rabault a dénoncé des « accusations […] abjectes ».

Ce débat sera l’occasion pour le gouvernement de redire sa position, portée samedi au Caire par la ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna, et qu’elle a ainsi résumée dans un entretien à La Tribune Dimanche : « Condamner le Hamas et son action terroriste, éviter l’embrasement dans la région et pour cela rappeler qu’il faut un horizon politique autour de la solution à deux États, rappeler que le droit international humanitaire doit être respecté, et bien sûr obtenir un accès humanitaire d’urgence pour les populations civiles à Gaza ».

« Face à la gravité de la situation », Catherine Colonna veut « croire que l’esprit d’unité et le sens des responsabilités prévaudront au cours de ce débat ».

« Cessez-le-feu pour les civils »

Un vœu pieux ? Au centre des critiques depuis les massacres perpétrés par le Hamas le 7 octobre pour ne pas avoir qualifié de « terroriste » le Hamas, la France insoumise a dit son intention de « demander des comptes » à Yaël Braun-Pivet sur son déplacement en Israël lors de ce débat.

Les patrons du PCF et du PS, Fabien Roussel et Olivier Faure, ont également critiqué ce voyage. Au-delà de Yaël Braun-Pivet, Olivier Faure s’en est pris à Emmanuel Macron, l’accusant de ne pas avoir tenu une « ligne de neutralité » face au siège de Gaza. Le président de la République est attendu mardi à Tel-Aviv, où il doit rencontrer le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Le président de la République Emmanuel Macron le 20 octobre 2023 à l'Elysée, à Paris
Le président de la République Emmanuel Macron le 20 octobre 2023 à l’Elysée, à Paris © Benoît Tessier/ POOL/AFP/Archives

« Je ne peux pas, comme le chef de l’État, être dans un soutien inconditionnel à Israël », alors que le gouvernement de Benjamin Netanyahu est « complètement aux mains des suprémacistes religieux, de l’extrême droite », a estimé le Premier secrétaire du PS.

Le PCF, EELV, le PS et LFI devraient s’exprimer en faveur d’un « cessez-le-feu » et de la levée du blocus de Gaza. Il faut un « cessez-le-feu pour les civils, permettre à l’aide humanitaire d’arriver », a expliqué Fabien Roussel qui dira « que la position française n’est pas à la hauteur pour exprimer sa solidarité auprès des populations civiles palestiniennes » et que « l’indignation ne peut pas être sélective ».

Au sein de la majorité, l’objectif est de faire bloc autour de la « ligne du président », qui est aussi « la ligne du groupe », selon le patron de Renaissance Sylvain Maillard : « Israël a le droit de se défendre […] face aux attaques terroristes, mais Israël doit respecter le droit humanitaire ».

Une ligne qui laisse la place à des positions nuancées sur la question du soutien au gouvernement israélien. Ainsi le président de la Commission des Affaires étrangères Jean-Louis Bourlanges entend-il évoquer la responsabilité du gouvernement israélien dans la crise : « Ils ont construit un système où ils ont écrasé toute possibilité d’avenir pour les Palestiniens », dit-il.

Avec AFP

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