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« Ni les paroles de Macron ni celles de Borne ne parviennent à cadrer le débat politique dominé par la compétition entre deux ministres : Attal et Darmanin »

Qui se souvient encore des paroles prononcées par Emmanuel Macron, le 21 octobre 2020, lors de l’hommage national rendu à Samuel Paty, dans la cour de la Sorbonne ? « Nous continuerons ce combat pour la liberté et pour la raison, dont vous êtes désormais le visage, parce que nous vous le devons, parce que nous nous le devons, parce qu’en France, professeur, les Lumières ne s’éteignent jamais », avait proclamé le président de la République visiblement très ému. Cette cérémonie avait eu un grand impact dans l’opinion après la décapitation d’un professeur tué pour avoir voulu défendre la laïcité. Elle restera comme l’expression d’un dernier sursaut d’unité nationale face au terrorisme et à la barbarie.

Par contraste, les adieux à Dominique Bernard, le professeur d’Arras tué le 13 octobre à coups de couteau par un ancien élève de l’établissement, radicalisé depuis, ont été d’une glaçante sobriété. Emmanuel Macron et son épouse ont assisté à la cérémonie, qui s’est déroulée dans la cathédrale de la ville, jeudi 19 octobre, mais ils n’ont pas été filmés et il n’y a pas eu de prise de parole publique. La famille ne le souhaitait pas. Les hommages rendus par les proches de la victime ont davantage évoqué l’époux et le père aimant que le citoyen rebuté par « le bruit et la fureur du monde ».

La même semaine, le 17 octobre, la sœur de Samuel Paty, Mickaëlle, était auditionnée par la commission d’enquête du Sénat sur les « menaces et agressions contre les enseignants ». Elle a dit tout haut ce que la communauté enseignante a dit tout bas au ministre de l’éducation nationale, Gabriel Attal, lors des nombreux échanges qui ont eu lieu ces derniers jours : l’Etat n’a pas su nous protéger. Si la « mort de mon frère avait servi à quelque chose, peut-être que Dominique Bernard serait encore là », a déclaré Mickaëlle Paty.

Défiance à l’égard du couple exécutif

L’efficience des injonctions présidentielles est mise à mal. Le 12 octobre, quelques jours après l’attaque du Hamas contre Israël, Emmanuel Macron brandit l’unité nationale comme « rempart à tous les débordements, toutes les dérives, toutes les haines ». Le lendemain, un professeur est assassiné.

Le 19 octobre, le chef de l’Etat invoque « un délai de décence » et son souci de ne pas attiser les divisions entre communautés pour justifier l’interdiction systématique des manifestations de soutien aux Palestiniens. Le soir même, 4 000 manifestants se rassemblent place de la République, à Paris, en soutien aux Gazaouis bombardés. Le 13 octobre, la première ministre, Elisabeth Borne, élève le plan Vigipirate au niveau « urgence attentat » sur l’ensemble du territoire national. Depuis, les fausses alertes à la bombe se multiplient comme autant de provocations à l’égard d’un pouvoir qui peine à neutraliser les « gros abrutis » qu’il dénonce.

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