Close

L’ex-premier ministre Nawaz Sharif est rentré au Pakistan dans l’espoir de reconquérir le pouvoir

Nawaz Sharif (au centre de l’image) signe un document à son arrivée à l’aéroport d’Islamabad (Pakistan), le 21 octobre 2023.

Après quatre ans d’exil volontaire à Londres pour échapper à la prison, Nawaz Sharif est rentré au Pakistan samedi 21 octobre. Toujours sous le statut de fugitif, l’ancien premier ministre a eu droit à un traitement de faveur à son arrivée à Islamabad, effectuant les contrôles biométriques obligatoires à l’aéroport sans passer par la case normale de la police ou de la prison, puis il a rejoint en hélicoptère la ville de Lahore, au Pendjab, province-clé du pays, la plus peuplée.

Sa formation politique, la Ligue musulmane du Pakistan, qui souffre d’un fort déclin de popularité, lui a offert un accueil en grand, comme il l’avait souhaité, organisant un rassemblement massif de soutien dans son ancien fief. Le parti a déployé d’importants moyens logistiques pour mobiliser ses partisans, filmer et relayer son arrivée en direct sur les réseaux sociaux et accentuer l’impression d’un come-back triomphal. Des milliers d’affiches à l’effigie de ce vétéran avaient été également placardées un peu partout sur son parcours.

A 73 ans, ce personnage central de la politique pakistanaise durant ces dernières décennies, trois fois premier ministre, trois fois chassé du pouvoir, s’apprête à conduire la prochaine campagne de son parti aux élections générales, prévues fin janvier 2024. Il s’est posé en victime d’une machinerie judiciaire, expliquant qu’il avait payé un immense tribut personnel. « Il y a des blessures qui ne guérissent jamais », a-t-il déclaré, ému, aux côtés de sa fille Maryam, faisant référence à la disparition de sa mère et de sa femme pendant sa détention. « Je les ai perdues à cause de la politique. » Il s’est bien gardé de toute critique de l’armée, qu’il rendait autrefois responsable de son éviction, mais dont il a besoin désormais pour revenir à la tête du pays.

Affaire de corruption

Le « lion du Pendjab » a été destitué en 2017 par la Cour suprême, à la suite d’une affaire de corruption, puis en 2018 interdit à vie d’exercer une fonction publique et condamné à sept ans de prison. Il n’a purgé qu’une partie de sa peine, car, après avoir obtenu en 2019 la permission de quitter temporairement le pays pour des raisons médicales, il s’est réfugié à Londres, dans un quartier luxueux de la capitale britannique où il possède un appartement. Imran Khan avait été élu en 2018. Ironie de l’histoire, c’est ce grand rival qui croupit désormais en prison, incarcéré depuis août, après avoir tenté de bousculer l’appareil militaire, tout-puissant dans ce pays.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Au Pakistan, le marasme économique s’ajoute à la crise politique

En fait, Nawaz Sharif n’a jamais vraiment abandonné les manettes du pouvoir, s’appuyant sur sa famille pour tirer les ficelles à distance. Sa fille Myriam, elle-même condamnée pour corruption, a veillé à protéger ses intérêts et entretenir la flamme. Son frère cadet fut sa pâle doublure durant son absence. Shehbaz Sharif a pris les rênes du gouvernement en avril 2022, après avoir renversé Imran Khan par une motion de défiance en s’alliant au clan rival des Bhutto. Durant un an et demi, il n’a pris aucune décision sans en référer à son frère, se rendant régulièrement à Londres. Mais sous son mandat, le Pakistan a plongé dans une crise économique majeure. La mandature s’est achevée en août et depuis, le pays est géré par un gouvernement intérimaire.

Il vous reste 33.6% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 Comments
scroll to top