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Des millionnaires appellent à payer plus d’impôts : « Je suis riche, taxez-moi ! »

Abigail Disney, cinéaste et « Patriotic millionaire », lors d’une conférence de presse devant le Capitole, à Washington, le 18 avril 2023.

Eté 2013, pause déjeuner. En haut d’une tour du centre-ville d’Athènes, Morris Pearl s’approche du plateau à desserts. Il est l’un des directeurs généraux de BlackRock, le plus grand gestionnaire d’actifs au monde, et son équipe a été mandatée pour évaluer l’état de santé des banques grecques. « J’ai jeté un œil par la fenêtre et aperçu un mouvement de foule dans la rue, raconte-t-il en visio, depuis son bureau new-yorkais. Quand j’ai compris qu’il s’agissait de Grecs désespérés par l’austérité, j’ai regardé les banquiers bien nourris autour de moi : que faisons-nous de bien pour ce pays, au juste ? »

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Quelques mois plus tard, il démissionne et rejoint les Patriotic Millionaires, une organisation regroupant 250 Américains dont les revenus annuels dépassent 1 million de dollars (environ 950 000 euros) ou dont le patrimoine vaut plus de 5 millions de dollars. « Les riches ne sont pas tous cupides : nous voulons que le monde aille mieux, et ce ne sera possible que si les gens comme moi paient plus d’impôts. »

Gary Stevenson photographié à Canary Wharf, à Londres, le 27 février 2020. Il a gagné son premier million de dollars à l’âge de 24 ans, en pariant sur l’issue de la crise financière grecque de 2011.

Gary Stevenson, lui, a été tradeur à Londres entre 2008 et 2012. En 2010, à seulement 23 ans, il gagne son premier million d’euros : il est l’étoile montante de Citibank. « Je suis devenu multimillionnaire en pariant que les taux d’intérêt ne remonteraient pas et que les inégalités allaient exploser », confesse-t-il. En 2014, il plaque son job, écœuré, et reprend des études d’économie. Désormais, il publie des vidéos sur YouTube dans lesquelles il explique pourquoi le système financier lamine les classes moyennes, et soutient les Patriotic Millionaires. « J’ai gagné assez pour ne plus travailler jusqu’à la fin de mes jours : la fiscalité doit cibler les fortunés dont je fais partie pour redistribuer les richesses. »

« J’étais plus imposée sur mon revenu de professeure »

Des millionnaires réclamant de payer plus de taxes ? Cela peut paraître incongru, mais ils sont de plus en plus nombreux aux Etats-Unis, au Canada et en Europe – mais guère en France. Ils se regroupent au sein d’associations comme Patriotic Millionaires, Millionaires for Humanity, Ressources en mouvement, au Québec, Resource Generation, aux Etats-Unis, ou Tax me now (« Taxez-moi maintenant ») en Allemagne.

Tous réclament la même chose : « Je suis riche, taxez-moi ! Je veux payer autant d’impôts que les autres pour éviter que la société implose », déclare le Britannique Phil White, 71 ans, qui a revendu sa société de consultants pour une poignée de millions il y a quelques années. « Moi aussi ! Ce sont bien les très fortunés comme nous qui doivent payer un véritable impôt sur la fortune – que d’ailleurs ils sentiraient à peine – et non pas les médecins ou les ingénieurs de la classe moyenne », insiste Stefanie Bremer, une héritière allemande qui milite sous un pseudonyme – sa famille ne partage pas forcément ses idées.

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