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L’arrestation de responsables de la CGT pour « apologie du terrorisme » suscite l’indignation de la gauche

Rassemblement de la CGT du Nord devant le commissariat de Lille, à la suite de l’interpellation pour « apologie du terrorisme » de son secrétaire départemental, Jean-Paul Delescaut, le 20 octobre 2023.

Il était un peu plus de 6 heures, vendredi 20 octobre, quand une dizaine de policiers, dont plusieurs encagoulés et équipés d’un bélier, ont sonné au domicile de Jean-Paul Delescaut, secrétaire départemental de la CGT dans le Nord. Ils intervenaient dans le cadre d’une enquête ouverte par le parquet de Lille pour « apologie du terrorisme » et « provocation à la haine et à la violence ». Une salariée du syndicat était également interpellée chez elle, mais sans un tel déploiement policier. Leur garde à vue, qui a duré toute la matinée, a été levée aux alentours de 13 h 30.

En cause, un appel à manifester à Lille, jeudi 12 octobre, en « soutien au peuple palestinien en lutte contre l’Etat colonial d’Israël », diffusé deux jours plus tôt. Sur ce tract, on y lit : « Les horreurs de l’occupation illégale se sont accumulées. Depuis samedi [7 octobre, date de l’attaque du Hamas contre l’Etat hébreu], elles reçoivent les réponses qu’elles ont provoquées. »

C’est, selon nos informations, cette phrase qui a motivé la procédure ouverte contre M. Delescaut. Elle avait fait réagir Guy Bensoussan, le président de la communauté juive de Lille, qui avait alors annoncé son intention de porter plainte. Joint vendredi, ce dernier a confirmé au Monde ne pas l’avoir encore déposée, en assurant que « cette intervention policière a été faite à la demande du préfet ». « Il fait respecter l’ordre républicain », a ajouté M. Bensoussan, pour qui « tous les juifs de France sont inquiets et (…) ont raison de l’être ».

« Il aurait suffi de le convoquer »

Vendredi, dans la matinée, l’annonce des interpellations des membres de la CGT a immédiatement déclenché un appel à manifester devant le commissariat central de Lille. Une centaine de personnes, la plupart syndicalistes mais également des militants de la cause palestinienne, se sont rassemblées, confiant leur indignation tant sur le fond que sur la forme.

« Des policiers lourdement armés, de quoi défoncer la porte… Notre secrétaire a été arrêté comme un terroriste », a dénoncé Hamid Chebout, coordinateur de la CGT nordiste, jugeant qu’« il aurait suffi de le convoquer ». Avant d’ajouter : « Nous avons condamné les actes terroristes du côté d’Israël et des Palestiniens. On est clairs et on assume notre position : nous sommes pour une Palestine libre. »

Si les syndicalistes, majoritaires lors de cette manifestation improvisée, s’en sont tenus à la dénonciation de ces interpellations et ont plaidé pour la liberté de l’expression syndicale, quelques militants propalestiniens ont refusé de condamner les atrocités commises le 7 octobre, rejetant l’entière responsabilité de la guerre entre Israël et le Hamas sur « l’Etat colonisateur qui massacre les Palestiniens » et accusant le gouvernement de Benyamin Nétanyahou de « génocide ».

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