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Election présidentielle en Argentine : l’ultralibéral Javier Milei inquiète les économistes

Javier Milei (au centre), candidat à la présidentielle argentine, lors d’un rassemblement électoral, à Lomas de Zamora (Argentine), le 16 octobre 2023.

Le favori de l’élection présidentielle du dimanche 22 octobre en Argentine, l’ultralibéral Javier Milei, est un économiste. Il met sa formation en avant, en citant régulièrement les référents de l’école autrichienne, ce courant de pensée économique libéral né à Vienne à la fin du XIXsiècle. Il s’agit du socle idéologique soutenant la vision de son éventuel mandat, à savoir un Etat réduit à son strict minimum, la condition pour que l’Argentine « retrouve sa grandeur », assure-t-il avec des accents trumpistes. « Je sais comment faire croître une économie, en finir avec la pauvreté et, surtout, comment exterminer l’inflation », affirmait-il, lors du premier débat présidentiel, le 1er octobre.

Avec un produit intérieur brut (PIB) qui devrait se contracter de 2,5 % cette année, une pauvreté affectant 40 % de la population et une inflation de 138 % sur un an en septembre, l’économie est le sujet qui préoccupe le plus les Argentins. Cependant, les experts de tout bord expriment inquiétude et perplexité face au programme économique de Javier Milei.

La mesure phare du candidat, impliqué en politique depuis 2021 seulement, moment où il a été élu député : la dollarisation. Soit le remplacement, d’ici à 2025, de la monnaie nationale, le peso, par la devise américaine. Radicale, la mesure séduit des électeurs épuisés de voir leur pouvoir d’achat réduit à peau de chagrin, face au pas de deux dévaluation-inflation.

Perte de souveraineté monétaire

Dans la logique du candidat, le dollar doit apporter clarté et stabilité à l’économie. « C’est une mauvaise idée. L’obstacle principal, c’est qu’il n’y a pas de dollars [les réserves nettes sont actuellement négatives, de 6 milliards de dollars, soit 5,7 milliards d’euros] », observe Javier Timerman, cofondateur du groupe financier AdCap, à l’unisson de nombreux experts. Le 10 septembre, plus de 200 économistes ont publié une lettre dénonçant une proposition « mirage », induisant une perte de souveraineté monétaire. Cela rendrait, selon eux, le pays plus fragile aux « chocs externes, et [le] soumettrait à des périodes de récession répétées et à un taux de chômage élevé ».

Sans réserves de change, la dollarisation pourrait s’appuyer sur des prêts étrangers en dollars ou sur un afflux massif d’investissements. « Mais l’Argentine a déjà trop déçu pour que ce soit le cas », souligne Javier Timerman. Le pays doit toujours rembourser un prêt colossal de 45 milliards de dollars contracté auprès du Fonds monétaire international (FMI), en 2018, sous le mandat de Mauricio Macri (centre droit, 2015-2019). L’institution sise à Washington a elle-même émis des réserves, estimant que la dollarisation ne remplaçait pas une « politique budgétaire viable ». L’Argentine a déjà fait l’expérience d’une forme non aboutie de dollarisation, la « convertibilité » – 1 peso équivaut à 1 dollar –, de 1991 à 2002. Le pays a vécu sans inflation pendant une décennie. Mais cette politique a participé à précipiter le pays dans la grande crise économique et sociale de 2001.

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