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« Une année difficile » : Pio Marmaï et Jonathan Cohen en pieds nickelés du surendettement

Albert (Pio Marmaï) et Bruno (Jonathan Cohen) dans « Une année difficile », d’Olivier Nakache et Eric Toledano.

UNE ANNÉE DIFFICILE – L’AVIS DU « MONDE » – À VOIR

Après être entré En thérapie (2021-2022) à la télévision, le tandem Olivier Nakache-Eric Toledano, toujours aussi collé-serré, replonge dans le grand bain du cinéma avec Une année difficile, leur huitième long-métrage après plus de vingt ans de carrière. Ils y reconduisent la question du duo, qu’ils connaissent intimement d’une part, et qui, d’autre part, leur a valu quelque petit succès (Intouchables en 2011, plus de 19 millions de spectateurs). Il s’agit ici d’Albert (Pio Marmaï) et de Bruno (Jonathan Cohen). Deux pathétiques victimes de l’esprit du capitalisme et de la société de consommation, qui, préférant mourir plutôt que de réduire leurs besoins, ont précipité leur propre vie dans l’enfer du surendettement.

Lire le portrait (dans « M » en 2019) : Article réservé à nos abonnés Eric Toledano et Olivier Nakache, les « frangins » autodidactes du cinéma

Albert, qui a sombré dans le petit trafic foireux pour survivre, ne voit plus le jour à force de courir les embrouilles. Bruno, qui a tout perdu à force de dépenser, est un cran au-delà, séparé de sa femme, au bord de la dépression mentale, avec un fichier carabiné à la Banque de France. Ils se rencontrent par un hasard heureux de scénario, et ne vont plus se quitter, qu’il s’agisse d’aller grappiller des chips gratos lors d’une assemblée d’écolos radicaux ou de tenter de se soigner dans les réunions d’aide aux victimes du surendettement.

La première de ces opportunités permet aux réalisateurs d’installer un choc comique entre les deux pieds nickelés irrécupérables qui font semblant d’adhérer à la cellule pour profiter des buffets gratuits et la troupe de jeunes et preux écolos soucieux du bien commun et de l’action spectaculaire, à la tête de laquelle la ravissante mais ultra-raide Valentine (Noémie Merlant) leur inspire davantage que l’envie de défendre la planète en sa compagnie. La seconde, d’un type de drôlerie plus retors, a pour essentielle vertu d’introduire le personnage d’Henri (Mathieu Amalric), animateur de séances de sevrage aux méthodes impeccables, en réalité névropathe toujours intoxiqué par le jeu et éjecté de tous les casinos où il tente de s’introduire.

Tous contre tous

L’effet paradoxal de cette intrigue secondaire, rendue affriolante tant par son absurdité que par le génie propre d’Amalric, est d’induire une frustration liée à sa trop faible amplitude dramaturgique, mais aussi de rendre plus sensible ce que peut avoir de déceptive la mise en scène de l’intrigue principale, quand bien même ce film dispose des qualités nécessaires à un divertissement de bonne qualité. C’est que, outre le comique de contraste relativement attendu (les dingos de la jouissance consumériste contre les flagellants du changement climatique), le film rattrape en vérité tous les personnages dans une sorte d’œcuménisme de la gentillesse, manque de vraie folie et de vraie méchanceté pour atteindre l’essence de la comédie à l’italienne à laquelle il semble prétendre.

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