Close

La sœur de Samuel Paty fustige les renoncements de l’Etat devant les sénateurs

Inauguration d’une place Samuel-Paty, à Bordeaux, le 16 octobre 2023.

C’est avec colère, pessimisme et une dignité blessée que Mickaëlle Paty est venue témoigner, mardi 17 octobre, devant la commission d’enquête du Sénat sur les « menaces et agressions contre les enseignants ». Trois ans et un jour après l’assassinat de son frère Samuel devant le collège du Bois-d’Aulne à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), quatre jours après celui de Dominique Bernard devant le lycée Gambetta-Carnot à Arras, tous deux par des terroristes djihadistes, celle qui s’est donné pour mission de porter la mémoire de son frère enseignant a tenu un discours sans concession devant les sénateurs.

Premiers visés par Mickaëlle Paty : l’éducation nationale et les services de l’Etat, à commencer par le renseignement territorial des Yvelines, tous deux accusés d’avoir, au nom d’une politique d’apaisement vis-à-vis de l’islam radical, sacrifié son frère enseignant. Elle a ainsi fustigé la « meute de courtisans », les « inconséquences », le « renoncement à l’intégrité », la « probité de façade ». Elle a eu des mots particulièrement durs pour la mission d’inspection académique dont le « rapport bâclé » n’avait pour autre but que de « dédouaner l’institution ». Elle a aussi reproché à l’éducation nationale d’avoir refusé la « protection fonctionnelle » à son frère menacé.

Sur l’éducation nationale et de manière plus générale, c’est un véritable constat de faillite qu’a dressé Mickaëlle Paty, dénonçant, pêle-mêle, une politique de la « tolérance » et de la « bienveillance » mal placées, des élèves systématiquement « victimisés » face à des professeurs « en difficulté », des effectifs en chute libre, la « faillite de la formation » des professeurs, des enseignants qui « s’autocensurent » par peur des élèves, mais aussi de l’institution, etc.

Celle qui prône « une République ferme dans ses principes » a eu des mots sévères pour Pap Ndiaye, ancien ministre de l’éducation nationale, dont elle a fait le symbole d’une « laïcité relative, à l’anglo-saxonne ». Elle a d’ailleurs souligné la cassure entre les jeunes enseignants, plus sensibles à cette « laïcité ouverte » et les plus anciens, adeptes d’une laïcité « à la française ». Elle a aussi regretté le manque de formation des jeunes professeurs en matière de laïcité.

Attitude de « pas-de-vaguisme »

Mickaëlle Paty, qui a déposé une plainte avec constitution de partie civile sur les manquements de l’Etat ayant précédé l’assassinat de son frère – une enquête judiciaire est en cours –, a également pourfendu des pouvoirs publics qui, « au nom de la préservation de l’ordre public, ont privilégié la préservation de la paix religieuse ». Une attitude qu’elle a qualifiée de « pas-de-vaguisme » et de « culture de l’alibi soit religieux, soit ethnique ».

Il vous reste 25.06% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 Comments
scroll to top