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Comment encadrer la recherche sur les modèles d’embryon

Modèle d’embryon cultivé dans le laboratoire de Jacob Hanna (Weizmann Institute of Science, Rehovot, Israël), correspondant à 12 ou 13 jours de développement d’un embryon humain.

Le 6 septembre, la revue Nature publiait une étude marquant une nouvelle avancée dans la fabrication in vitro de modèles d’embryons humains. Ceux-ci pourraient permettre de lever nombre d’inconnues sur les premières phases de notre développement en s’affranchissant pour partie du poids éthique pesant sur l’étude de vrais embryons. L’équipe de Jacob Hanna (Weizmann Institute of Science, Rehovot, Israël), l’une des plus en pointe dans ce domaine, décrit avoir pu cultiver jusqu’au stade treize-quatorze jours un cocktail de cellules souches embryonnaires humaines. Plongées dans le milieu adéquat, celles-ci se sont spontanément multipliées pour former une entité cellulaire dont la croissance imite celle d’un véritable embryon, mais aussi des tissus destinés à favoriser son implantation dans un utérus – opération qui n’a bien sûr pas été conduite.

Cette nouvelle publication illustre les progrès rapides dans la mise au point de modèles d’embryons humains, ou embryoïdes, susceptibles de se substituer dans des projets de recherche aux embryons issus de fécondations in vitro, et ne faisant plus l’objet d’un « projet parental ». Ces embryoïdes sont capables de se développer jusqu’à des stades de plus en plus avancés de l’organogenèse, c’est-à-dire la formation de structures différenciées permettant le développement de l’embryon. Pour accompagner ces percées successives et guider les équipes françaises impliquées dans ces travaux, le conseil d’orientation de l’Agence de la biomédecine a rendu public mercredi 11 octobre un avis sur ces modèles d’embryons, dont les caractéristiques se rapprochent de plus en plus de celles de véritables embryons humains.

Rappelons que ces derniers ne peuvent être cultivés en laboratoire à des fins de recherche au-delà de quatorze jours – une limite instaurée par la loi de bioéthique du 2 août 2021. Cette même loi a posé que certaines recherches sur les cellules souches embryonnaires humaines (CSEh) ou les cellules souches pluripotentes induites (iPS), qui peuvent conduire à la formation d’embryoïdes, étaient soumises à déclaration auprès de l’Agence de la biomédecine, laquelle doit obligatoirement solliciter son conseil d’orientation pour avis.

C’est précisément ce qui s’est passé début 2023, lorsque l’équipe de Laurent David (université de Nantes) a interrogé l’agence sur un projet de culture, à partir de cellules iPS, de blastoïdes. Ceux-ci sont des modèles d’embryon et d’annexes (futur placenta et sac vitellin), nécessaires à l’implantation dans l’utérus. « J’avais posé la question de la limite de temps, par souci de transparence, indique Laurent David. Nous ne voulons plus que soient menées des recherches de type bébés Crispr », où la société est mise devant le fait accompli. Il fait référence à la naissance en Chine, fin 2018, de jumelles dont le patrimoine génétique avait été modifié en secret.

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